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« Lagon », la revue aux avant-postes de la BD

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 2 septembre 2024 - 328 mots

Certains ont peut-être vu, dans le cadre de l’exposition « La BD à tous les étages », du Centre Pompidou, l’accrochage du niveau -1 de la revue Lagon– qui fête son 10e anniversaire – sous la forme d’un « chemin de fer » (représentation à plat, page par page, de la maquette d’un magazine), qualifié ici de « chemin de terre parce qu’on se sent un peu comme le pot de terre contre le pot de fer », explique l’équipe de Lagon.

Cette dernière est en effet devenue emblématique d’une bande dessinée prospective, aux antipodes de la bande dessinée à grand tirage. Au rythme d’un numéro par an, la revue, fabriquée selon des procédés artisanaux, prend son temps. Cette publication expérimentale s’est successivement appelée volcan, dôme, gouffre, marécage, torrent, plaine, etc., car elle change de nom à chaque volume au copieux sommaire. Le dernier en date, intitulé « Pluie », réunit ainsi une trentaine d’auteurs dont elle met en avant les styles de narration dessinée très variés. Comme chacun de ses opus, celui-ci mélange des auteurs confirmés (François De Jonge), d’autres débutants (Tim Ng Tvedt), certains venant du champ de l’art (Margaux Duseigneur, Mattis Dovier, Nayel Zeaiter…), du design graphique, du manga (Katsutoshi Kuroda), de la bande dessinée alternative (Louka Butzbach…). Les portfolios sont en grande partie inédits et reflètent la diversité des approches et l’esprit de confrontation que la revue cultive depuis sa création. « Ce que nous tentons dans Lagon, c’est se jouer des formats, provoquer l’inconfort, l’accident, expérimenter », y affirme-t-on. À l’occasion de l’exposition au Centre Pompidou, la revue a par exemple réédité Photon, d’Alexis Beauclair (un de ses cofondateurs), sorti la même année que son premier numéro, en 2014. Dans ce fanzine d’une douzaine de pages, le lecteur était invité à s’aventurer à l’intérieur de l’instrument optique présenté en couverture, et à passer, à la manière d’un photon minuscule, à travers différents prismes. Arrivé à la fin, il pouvait retourner le livret et le lire dans l’autre sens, afin de remonter le temps.

Revue « Lagon », « Pluie » (17 mai 2024), bilingue (français/anglais), 312 p., 42 euros.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°778 du 1 septembre 2024, avec le titre suivant : « Lagon », la revue aux avant-postes de la BD

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