L’opération « Koons à Versailles » remplit là où elle était attendue.
Le public vient nombreux et la couverture médiatique a pris des proportions rarement atteintes pour un artiste vivant. Seule déconvenue au tableau : pas la queue d’une polémique digne de ce nom, en dépit des efforts consentis par une partie de la presse. D’autant que sous les réquisitoires un poil rances faits au Koons à Versailles, pointait bien souvent le Koons en particulier, et l’art contemporain en général. Non seulement le public s’est massé, mais les quelques ronchons offensés par l’outrage au patrimoine ont eu tôt fait de ranger leur version grippée de l’histoire au rayon de la petite anecdote. Mieux même : à observer le flux tendu dans les enfilades des grands appartements royaux, le public venu pour le baldaquin de Marie-Antoinette ne semblait pas moins concerné que celui du Rabbit (1986) gonflable carrossé argent ou du Michael Jackson and bubbles (1988) en porcelaine or et blanc installé dans le Salon de Vénus.
À cela plusieurs raisons : l’effet médias, l’effet Koons – déjà icône, déjà historicisé, mais n’ayant jamais bénéficié d’une monographie française – et l’effet marronnier de la greffe art contemporain et patrimoine. Si l’efficience de ce nouvel académisme reste à discuter, force est de constater que le marronnier va à Koons comme un gland à son chêne.
Le best of sculptural de l’artiste américain centre sans faute, ou presque, quinze sculptures dans les appartements versaillais. Quinze totems, pour beaucoup en acier chromé coloré, qui n’en finissent pas de réfléchir les ors royaux et le tourisme de masse, à l’image de sa lune bleu ciel, gigantesque tranche miroitante fixée en bout de course de la galerie des Glaces.
D’un académisme l’autre, rien à signaler. Curieusement, l’association du baroque et du toc joué par Koons ramène l’ensemble à un tableau – littéralement – poussiéreux et un tantinet vieillot, ce que l’invraisemblable appareillage de socles framboise gansés de beige ne démentira pas. Ni rapport de force, ni écart, chaque sculpture trouve sa place, à l’image de l’empilement d’aspirateurs et shampouineuses Hoover, judicieusement placés près du portrait de Marie-Antoinette ou du vase de fleurs en bois polychromes dans les appartements de la reine.
De puissance à puissance, de codes à codes, jadis mis en évidence par les monarques, aujourd’hui et de façon un peu candide par l’artiste néo-pop à la pompière simplicité. Efficace.
« Jeff Koons à Versailles », château de Versailles, Versailles (78), www.chateauversailles.fr, jusqu’au 14 décembre 2008.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Jeff Koons, star académique
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°607 du 1 novembre 2008, avec le titre suivant : Jeff Koons, star académique