Exactement un siècle après sa naissance, le musée Cantini rend hommage à l’artiste surréaliste Jacques Hérold (1910-1987).
Quatre-vingts tableaux et dessins, des œuvres majeures pour la plupart, pour une grande rétrospective en adéquation avec la vocation du musée dont le fonds surréaliste, associé à l’histoire de Marseille, constitue l’axe majeur de sa collection.
Jacques Hérold naît à Piatra en Roumanie. Convaincu de son destin de peintre, il suit des études à l’École des beaux-arts de Bucarest, puis part pour Paris à l’âge de 20 ans. Sa vie est misérable – peindre est, dit-il, « héroïque » –, mais riche en rencontres électives, comme celles d’Adamov, de Dominguez, Soutine, Brauner, Tanguy. Employé à tout faire dans l’atelier de Brancusi, il croise Duchamp, Man Ray, Desnos et André Breton, chef du groupe surréaliste.
Les tableaux d’Hérold à cette période reproduisent le thème de la germination, sous la forme de la naissance ou plutôt de la renaissance, de l’éclosion du corps et de l’envol de l’esprit, sortes de drames symboliques qu’il appelle « prise de conscience de l’inconscience ». Le Grand Silence concentre de façon poétique tous ces états d’âme. Parallèlement, sa recherche de la représentation du mouvement l’amène à peindre des écorchés, thème qu’il développera à partir de 1934.
En 1938, Hérold rejoint le groupe surréaliste et participe à toutes les manifestations collectives. En 1940, la plupart des membres, dont Hérold et Breton, s’exilent à Marseille pour fuir le nazisme. Dans ses réalisations, Hérold s’inspire des nouvelles lignes du surréalisme initiées par Breton, qui identifient l’œuvre d’art, et la vie même, au cristal. Il produit plusieurs tableaux majeurs sur la cristallisation : Les Têtes, toile inquiétante associant autour d’un buste de femme taillé dans la roche la tête et les pattes d’une mante religieuse, et La Liseuse d’aigle, superbe gouache or et bleu figurant une femme tenant dans ses mains un aigle comme elle tiendrait un livre, métaphore de la vision de l’artiste. Elle annonce Le Grand Transparent, sculpture phare réalisée en 1947 pour l’Exposition internationale du Surréalisme à la galerie Maeght. La Famoiselle, chef-d’œuvre de bronze aux seins ailés, préfigure la série de sphinges énigmatiques qui intègrent le panthéon étrange et envoûtant de la mythologie héroldienne. n Lina Mistretta
« Jacques Hérold et le surréalisme », musée Cantini, 19, rue Grignan, Marseille (13), tél. 04 91 54 77 75, jusqu’au 17 janvier 2011.
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Jacques Hérold de retour à Marseille
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°630 du 1 décembre 2010, avec le titre suivant : Jacques Hérold de retour à Marseille