On fait la queue pour entrer dans le boyau de Numen/For Use. Fabriquée en scotch transparent, la toile d’araignée géante – déjà vue à Lille – redessine l’anatomie aérienne du Palais de Tokyo, introduisant l’exposition « Inside ».
Comme pour Space Mountain à Disneyland, il faut signer une décharge pour pouvoir tenter l’expérience claustrophobe. Plus loin, une autre file d’attente conduit à la salle vide de Valia Fetisov, dont on ne pourra sortir qu’après s’être creusé les méninges. Plus loin encore, le Refuge de Stéphane Thidet noiera le visiteur sous un déluge d’eau. « Inside » et son parcours ponctué d’installations et de vidéos joue sur les émotions fortes et contrastées. Elle se veut « voyage intérieur et initiatique », on regrette ses airs de parc d’attraction. Le pouvoir hautement récréatif de certaines pièces dilue la force plastique d’autres plus silencieuses, tel l’atelier mental de Mark Manders, qui nécessite une immersion lente, ou les délicates Pétrographies de Dove Allouche, stalagmites à cœur ouvert. On zappe d’un univers esthétique au suivant (parfois aux antipodes), lançant des « oh » et des « ah ». Un escalier tagué par Dran sert de plongée de pacotille dans les tréfonds du moi – le sous-sol mène aux œuvres les plus sombres, jusqu’aux films d’Artur Zmijewski, chambres à gaz devenues terrain de jeu. Malgré de bonnes intentions – l’enfer en est pavé – et des perles historiques (L’homme qui tousse [des flots de sang] de Boltanski), « Inside » brasse trop large, trop éclectique, trop monumental. Paradoxalement, l’intériorité n’y mène guère à l’introspection.
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« Inside », trop extravertie
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Abonnez-vous dès 1 €Palais de Tokyo, 13, avenue du Président-Wilson, Paris-16e. www.palaisdetokyo.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°674 du 1 décembre 2014, avec le titre suivant : « Inside », trop extravertie