Hommages et réparation par Kent Monkman

Et le fonds photographique de cette institution montréalaise regorge de centaines de milliers de portraits pris par William Notman, le Nadar de la métropole au XIXe siècle. Monkman y a puisé son inspiration pour réaliser une toile de plus de sept mètres de long, hommage à l’atelier de Courbet peuplé par des personnages de Notman. Revisité avec un sens de la dérision mêlé d’érotisme gay, signature de l’art queer de cet artiste qui n’hésite jamais à bousculer les identités, l’atelier de Monkman est une allégorie de la réflexion artistique et de la transformation. Autant Notman appliquait-il nombre de stéréotypes à ses modèles de studio (de la bonne société locale à des anonymes déguisés, en Indiens parfois même), autant Monkman démonte, par le burlesque ou par la violence faite aux représentations, les clichés parfois tenaces. L’œuvre se fait alors faussement classique, un hommage beaucoup plus acide qu’il n’y paraît de prime abord. Dans une mise en scène digne des grands classiques, les photographies d’époque servent d’introduction à une version loin d’être conventionnelle de l’atelier, au milieu duquel trône l’artiste. Monkman est un des rares artistes à explorer le terrain épineux de l’indianité canadienne avec un sens politique aiguisé par une connaissance féroce de l’histoire de l’art.