SAINT-TROPEZ
On laisse à Henri-Edmond Cross (1856-1910) la responsabilité de cette déclaration enflammée : « Le Var est le plus beau pays du monde. »
Quoi qu’il en soit, pour cet enfant du Nord né à Douai, ce paysage baigné par la lumière méditerranéenne est une source d’inspiration inépuisable. L’exposition au Musée de l’Annonciade est ainsi une manière de le ramener sur ses terres. Tout, en effet, se passe à Saint-Tropez, encore simple village de pêcheurs où Cross va s’installer au début du vingtième siècle. Comme bien d’autres, c’est la lumière locale qui détermine ce choix. Ou plutôt la luminosité, qui incite à la division de la touche et au jaillissement de la couleur pure, les deux caractéristiques du pointillisme. Cette pratique, qu’on appelle aussi néo-impressionnisme, peut prêter à confusion, tant elle semble s’inscrire dans le sillage de Monet ou de Renoir. En réalité, ce « prolongement » de la peinture impressionniste n’est qu’une apparence. À la sensation d’un instantané suggéré par les taches éparpillées de l’impressionnisme, au dynamisme fait de transitions, de passages et d’interférences chromatiques se substitue une architecture plus étudiée, composée de « pastilles » de couleur rigoureusement posées et souvent insérées dans une trame géométrique. Cependant, après s’être imprégné de la leçon de la modernité de Seurat, le fondateur du pointillisme dès 1886, Cross prend des chemins de traverse, et trouve son mode d’expression propre. D’une part, il introduit le nu féminin dans ses paysages, mais, plus important, partant à la recherche d’une harmonie parfaite, il découvre l’attrait des contrastes, le charme des dissonances. Progressivement, il abandonne le principe du mélange optique et applique de larges touches de couleur. Autrement dit, avec Signac, il joue le rôle de « passeur chromatique » auprès de Matisse. Le projet de l’Annonciade, qui se focalise sur ses œuvres directement inspirées par les paysages varois, est complété par un choix de dessins et d’aquarelles présentés jusqu’au 30 septembre à la Villa Théo, au Lavandou.
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Henri-Edmond Cross, passeur de la modernité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°766 du 1 juillet 2023, avec le titre suivant : Henri-Edmond Cross, passeur de la modernité