Des relations entre Giacometti et Aimé Maeght, l’histoire remonte au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Ce dernier vient tout juste de créer sa galerie à Paris quand André Breton lui présente l’artiste. Immédiatement le courant passe, et Maeght lui propose de participer à l’exposition internationale du surréalisme qu’il est en train de préparer. Dès lors, Giacometti ne quittera plus son nouveau marchand et celui-ci lui offrira une place de choix lors de la mise en œuvre de la fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence.
S’il n’est plus temps de présenter Alberto Giacometti (1901-1966), il l’est toujours en revanche d’y revenir. De dénicher dans son œuvre certains trésors moins immédiatement repérés que son célèbre Homme qui marche de 1947, figure symbolique de l’humain à pouvoir encore aller au-devant après la terrible guerre. Il existe ainsi un petit dessin étonnamment émouvant. Intitulé Homme qui chavire, daté de 1951, il figure un personnage en déséquilibre sur une jambe, à la limite de la chute. L’expression en bronze qui lui correspond fige en revanche la silhouette filiforme, jambes rassemblées, les deux pieds levés pris dans la matière d’un petit socle de section ronde. Du dessin à la sculpture, il y va d’un même sentiment de bascule et d’un même rendu de « la fragilité des êtres vivants », comme en parlait l’artiste.
La vie, le frémissement de la vie, c’est éminemment ce qui a toujours motivé au plus profond la démarche de Giacometti. Une vie présente et intemporelle qui nous vient du plus lointain des âges et dont on ne peut pas imaginer un seul instant qu’elle s’arrête. Tout comme elle frémit en surface de ses peintures et de ses plâtres et tout comme cela nous apparaît quand on s’attarde à regarder cette magnifique photographie qu’a faite René Burri du sculpteur dans son atelier au travail d’un buste de Diego. Les yeux fermés, les mains dans la glaise, Giacometti modèle son sujet. Il n’est pas d’image plus signifiante pour dire cette dynamique à l’incarnation qui gouverne l’œuvre de l’artiste. Quel que soit le mode d’expression auquel il recourt, peinture, sculpture, estampe ou dessin.
De cette aventure partagée entre l’artiste et le marchand pendant vingt ans, l’exposition rétrospective que la fondation Maeght consacre cet été à l’artiste est l’occasion de le retrouver dans toute la diversité d’une œuvre inaugurale d’un nouvel humanisme.
« Giacometti & Maeght », fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence (06), www.fondation-maeght.com, jusqu’au 31 octobre 2010.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Giacometti - Chez Maeght comme chez lui
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°626 du 1 juillet 2010, avec le titre suivant : Giacometti - Chez Maeght comme chez lui