Fracas et sourires du « Musée Imaginaire » de Di Rosa

Inventeur du concept art modeste et créateur du Miam en 2000, cet artiste fervent de tout ce qui est « oublié, marginal (commercial ou sauvage), occulté, périphérique de la création », apparaît ici, en complicité avec Julie Crenn, commissaire de l’exposition, comme le chorégraphe d’un foisonnement de couleurs et de formes assemblées en une symphonie ambitieuse et contradictoire. Dès l’entrée, l’œil est confronté à un incroyable mur noir de plus de 30 mètres de longueur sur 7 mètres de hauteur sur lequel quatre-vingt-quatre œuvres de tous formats se déploient en totale et insolite liberté. Seul les relie une affirmation très libre de désirs, de violences, de jubilations fragiles, d’inquiétudes, comme autant de cristallisations en résonnance avec les sourires et les fracas du monde. Quelques peintures de « grands anciens » (Fernand Léger, Eugène Leroy…) côtoient des œuvres tout aussi présentes réalisées par des créateurs contemporains les plus divers. Un tank (Vitamin Attack, 2005) de Milan Kunc (né en 1944 à Prague) voisine avec Le Rancard du ringard (2009) de Raphaëlle Ricol (née à Lyon en 1974) et Plateforme de la confiance-CFA pillage à huis clos 1 (2016) d’Omar Ba (né en 1977 à Thiès, au Sénégal). Voici une généreuse exposition – en tout cent quatorze œuvres – qui aurait pu s’intituler « En toute liberté », tant l’ensemble est montré avec un parti pris totalement arbitraire éloigné de toutes routines culturelles normées.