Fontainebleau un chantier perpétuel de restaurations

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 18 avril 2013 - 657 mots

Afin de valoriser ses collections et d’enrichir son circuit de visite, le château de Fontainebleau a lancé plusieurs chantiers de restauration.

Emblématique d’une nouvelle stratégie de communication, celui du Boudoir turc a notamment fait l’objet d’une opération de publicité inédite. Cet espace intime, créé par les frères Rousseau pour Marie-Antoinette et remeublé sous l’Empire par Jacob-Desmalter, appelait une grande campagne de rénovation. Le financement de la restauration du décor était assuré ; en revanche, celui du mobilier, estimé à 500 000 euros, n’était garanti qu’à moitié.
Pour sensibiliser des mécènes potentiels, le boudoir a été « délocalisé » à Paris ; son décor reproduit en fac-similé et son mobilier dévoilé au public, à la galerie Aveline, lors de la Biennale des antiquaires de 2012. Ce coup de projecteur a permis de lever presque la totalité des fonds et de lancer la restauration, comprenant une intervention sur les meubles et le retissage de leur garniture en velours de soie. Le chantier devrait s’achever en 2014.

Le Théâtre impérial
Autre projet d’envergure, le cabinet de travail de Napoléon III a également bénéficié d’une restauration intégrale, entièrement mécénée. À l’été 2013, il va ainsi ouvrir ses portes, pourvu d’un décor entièrement restitué – peinture, lambris, tissus – et de son mobilier d’origine. Une ouverture très attendue, car la pièce permet, en outre, de présenter au public un espace contigu, d’ordinaire invisible, le salon des laques de l’impératrice Eugénie. Une petite pièce ornée de précieux panneaux de laque, fragile et donc inaccessible, qui pourra désormais être admirée à travers une vitre placée entre les deux cabinets.
Autre espace inédit, le Théâtre impérial, construit par Lefuel pour Napoléon III, fait actuellement l’objet d’un chantier titanesque, le plus vaste et le plus onéreux du château. Après de longs travaux d’étude et une profonde réorientation du projet – la précédente équipe de direction souhaitait conférer au lieu une dimension événementielle très marquée –, les travaux de restauration ont commencé dans une optique muséographique, axée sur la préservation et la renaissance de ce patrimoine exceptionnel. Exemple rarissime des théâtres de cour de la fin du second Empire, cette salle a, en effet, conservé la totalité de son décor, de son mobilier et de ses aménagements scéniques.
La première tranche de travaux, qui devrait s’achever en 2014, permettra de restaurer l’intégralité de la salle de spectacle et du fumoir, mais pas les étages, ni la scène. Ces éléments pourraient faire l’objet d’une deuxième phase de travaux, soumise à l’obtention du second versement de 5 millions d’euros par les Émirats arabes unis, prévu dans le cadre de l’accord créant le Musée universel du Louvre Abu Dhabi ; la première phase du chantier ayant absorbé les cinq premiers millions versés par les Émiratis.

La galerie François Ier
En marge de ces opérations, la maison possède encore nombre d’espaces en attente de rénovation, dont la célèbre salle de bal. Témoignage des grands décors de la Renaissance, cette pièce, construite par Philibert Delorme et peinte par Nicolò Dell’Abate, présente de graves problèmes structurels et a nécessité des restaurations dès le règne d’Henri IV. « Des travaux de consolidation et d’isolation viennent de s’achever, ils ont permis de mettre un terme à la dégradation et ont révélé que sous les repeints, il subsiste une belle couche picturale originelle, que nous pourrions remettre au jour. C’est une excellente nouvelle, malheureusement, nous ne disposons pas des moyens financiers pour mener ce chantier colossal », explique Xavier Salmon, le directeur du château.
Autre fleuron du palais, la galerie François Ier aspire, elle aussi, à une grande opération de rénovation. Sa précédente restauration a vieilli, les retouches sont désaccordées, la galerie est encrassée et les stucs se desquament ; bref, un résultat guère satisfaisant vue l’importance du chef-d’œuvre du Rosso, qui a été le berceau de la Renaissance française. Conditionnés à la validation du schéma directeur du château par le ministère de tutelle, et à l’appui de généreux mécènes, ces deux chantiers sont aujourd’hui en latence. .

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°657 du 1 mai 2013, avec le titre suivant : Fontainebleau un chantier perpétuel de restaurations

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