« Chaque dessin comme chaque toile est une aventure. […] Un voyage dont j’ignore la destination », disait Maurice Estève (1904-2001). Par cela, l’artiste revendiquait la part de hasard qui régit son œuvre.
Au regard de ses cent deux monotypes, réalisés en quelques mois entre 1963 et 1964, cette dimension aléatoire apparaît plus clairement que dans sa peinture à l’huile, rigoureusement construite, structurée en plans de couleurs géométriques, dans une harmonie chromatique forte et un équilibre très travaillé.
Peintures, collages, dessins, cartons de tapisseries, Estève est un artiste complet. Les monotypes constituent peut-être un aspect moins connu de sa production. Cette technique, à la croisée de la gravure et de la peinture (l’œuvre résulte de la pression d’une feuille de papier sur une plaque de verre peinte par l’artiste) offre à Estève la possibilité d’un art plus spontané, plus libre, où le geste prend le pas sur les surfaces.
La couleur demeure forte, mais l’œuvre est très graphique. Estève n’applique pas au monotype les principes de sa peinture, mais exploite les multiples possibilités du médium, développant un style spécifique à l’usage de cette technique.
On retrouve néanmoins certaines caractéristiques propres à l’artiste : une abstraction franche et un vocabulaire de formes immédiatement reconnaissables. « Je crois que je suis possédé par un certain univers de formes, disait l’artiste ». Les monotypes réunis à la galerie Gervis montrent en effet un artiste « possédé » par un art et une technique qu’il maîtrisait pleinement.
« Estève, monotypes 1963-1964 », galerie Daniel Gervis, 14 rue de Grenelle, Paris VIIe, tél. 01 45 44 41 90, jusqu’au 27 mai 2006.
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Estève en monotypes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°580 du 1 mai 2006, avec le titre suivant : Estève en monotypes