Dites-le avec des fleurs

C’est le message d’optimisme porté par l’exposition « Devenir fleur », au Musée d’art moderne et d’art contemporain (Mamac) de Nice. Une exposition qui s’inscrit dans la thématique des expositions sur l’écologie largement à la mode, mais qui ne prend – pour une fois – ni parti moraliste ni accent anxiogène. Le titre « Devenir fleur » est donc à entendre dans son double sens : « devenir » une fleur en se mettant à sa place et « le devenir » de la fleur – autrement dit, le nôtre –, dont l’exposition et son catalogue [Silvana Editoriale, 132 p., 25 €] rappellent la formidable adaptabilité au fil du temps. Le parcours s’articule en deux temps : « Être fleur » et « Jardin des métamorphoses ». Tout naturellement, l’accrochage débute avec les herbiers de Marinette Cueco, qui réalise des « tableaux » à partir de sa collecte de pétales de rose, de camélia ou d’hibiscus. Car « Être fleur » est une ode au jardin, magnifiée par le superbe tapis d’herbes sauvages et folles réalisé au sol, tel un mandala, par Chiara Camoni. Les dessins d’Odonchimeg Davaadorj et de Giuseppe Penone évoquent le lien intime qui lie l’humain à la nature. Chez les deux artistes, pourtant de générations différentes, l’être devient un arbre, une plante, etc. Jusqu’à parfois disparaître, à l’instar de Dennis Oppenheim qui recouvre sa main de feuilles dans la vidéo Leafed Hand (1970). « Jardin des métamorphoses » évoque, dans un second temps, l’impact de l’homme sur les fleurs, comme sa volonté de dominer la nature. Dans une vidéo très poétique, Hicham Berrada accélère le processus d’ouverture – et donc sa disparition – du pissenlit, quand Anaïs Tondeur enregistre sur plaques photosensibles l’empreinte de spécimens d’un herbarium issu de la zone d’exclusion de Tchernobyl. Prenons-en de la graine : au final, c’est toujours la nature qui gagne.