Des réserves aux cimaises

Les estampes s’affichent dans les musées

Le Journal des Arts

Le 5 juin 1998 - 663 mots

Pour des raisons de conservation et à cause de son statut d’œuvre multiple, l’estampe a longtemps été délaissée par les musées. Cependant, un nombre croissant d’établissements mènent une politique active de mise en valeur de leur fonds gravé, à travers des expositions et l’ouverture au public de leurs cabinets d’arts graphiques. Enfin, ces dernières années, plusieurs centres ou musées entièrement consacrés à l’estampe ont vu le jour.

MUSÉES SPÉCIALISÉS
Musée du dessin et de l’estampe originale, 7 rue André Vanderghote et Arsenal, 59820 Gravelines, tél. 03 28 65 50 60, tlj sauf mardi 14h-17h, week-end 15h-18h.
Créé ex-nihilo en 1982, le musée de Gravelines possède quelque 10 000 pièces des XIXe et XXe siècles, avec une nette prédominance d’œuvres contemporaines. Des expositions temporaires illustrent ce fonds, tandis qu’une salle permanente est consacrée à l’histoire de l’estampe et à ses différentes techniques. On y voit des gravures anciennes – dont l’Apocalypse de Dürer –, des planches, des presses lithographiques et typographiques, ainsi qu’une presse en taille-douce ayant appartenu à Jacques Villon. Des démonstrations et ateliers sont proposés le week-end.

Musée Goupil, 40-50 cours du Médoc, 33300 Bordeaux, tél. 05 56 69 10 83, ouvert uniquement durant les expositions temporaires, tlj sauf lundi 11h-18h, dimanche 14h-18h.
La Maison Goupil était une dynastie d’éditeurs d’art parisiens, actifs de 1827 à 1920. Entreprenants, ils étaient à l’affût de toute innovation susceptible de faciliter la reproduction des œuvres. Ainsi, parmi les 100 000 pièces des collections du musée, se trouvent aussi bien des burins que des lithographies ou des photographies, qui offrent un large panorama des techniques d’impression du XIXe siècle. Une présentation de presses et de matrices vient compléter ce tableau. Enfin, cas unique, le musée, créé en 1991, est habilité à vendre une partie de ses collections au public.

Centre de la gravure et de l’image imprimée, 10 rue des Amours, B-7100 La Louvière, tél. 32 64 28 48 58, tlj sauf lundi 12h-18h, week-end 11h-18h.
Le musée de La Louvière fêtera son dixième anniversaire en septembre. Cet espace d’exposition consacré à la création contemporaine possède, dans ses armoires à plans, un fonds de 5 000 estampes originales. Certaines sont proposées à la vente.

CENTRES-ATELIERS
Maison Levanneur, Centre national de l’estampe et de l’art imprimé, île des Impressionnistes, 78400 Chatou, tél. 01 39 52 45 35, du mercredi au dimanche 12h-18h.
C’est dans l’ancien atelier d’André Derain et de Vlaminck qu’a ouvert, en mars 1997, ce lieu de création et de diffusion de l’estampe. François Morellet et Gérard Collin-Thiébaut y ont déjà travaillé et exposé, profitant de l’atelier d’impression et de la galerie mis à leur disposition. Leurs œuvres sont en vente, aux côtés de gravures de Paul-Armand Gette ou Noël Dolla.

Urdla, Centre international de l’estampe, 207 rue Francis-de-Pressensé, 69608 Villeurbanne, tél. 04 72 65 33 34, du lundi au vendredi 9h30-12h et 14h30-18h, ou sur rendez-vous.
Après avoir converti l’imprimerie Badier en centre de la lithographie, l’association Urdla n’a cessé de se développer et d’étendre ses compétences vers d’autres techniques : sérigraphie, typographie et taille-douce. À l’occasion d’expositions, le public est accueilli dans les 1 000 m2 d’ateliers. En outre, une galerie de vente, en permanence accessible, réunit les quelque 1 500 estampes éditées depuis vingt ans par l’association, signées Denis Laget, Jean Messagier, Jacques Villeglé, Bertrand Henry ou Erik Dietman…

LIEUX DE CONSULTATION
BnF, Cabinet des estampes et des photographies, 58 rue Richelieu, 75002 Paris, tél. 01 47 03 83 08, consultation du lundi au vendredi 9h-17h30, samedi 9h-17h.
Avec plus de 6 millions de pièces, de toutes les époques, de toutes les écoles et dans toutes les techniques, accessibles à tous, sans rendez-vous, la Bibliothèque nationale reste la caverne d’Ali Baba en matière d’estampes. Le principe du dépôt légal, en vigueur depuis 1632 et unique au monde pour les gravures, permet une présentation presque exhaustive de la création française depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours. Régulièrement enrichi, le fonds comprend aussi 1 000 primitifs italiens, d’importantes collections allemandes, nordiques et anglaises. 60 000 œuvres sont cataloguées sur l’Internet (www.bnf.fr).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°62 du 5 juin 1998, avec le titre suivant : Des réserves aux cimaises

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