Pour commémorer le centenaire de la naissance de Paul Delvaux, le musée de Bruxelles réunit 250 œuvres, soit près d’un tiers de la production du peintre, issues de collections privées et publiques belges, mais aussi du Japon, des États-Unis, d’Israël, de Grande-Bretagne ou d’Allemagne. EnÂrichie d’archives inédites, la présentation constitue une plongée dans l’univers onirique de Paul Delvaux.
BRUXELLES (de notre correspondant). Aux yeux du grand public, Delvaux apparaît comme un peintre surréaliste alors que lui-même s’est toujours défendu d’appartenir à quelque mouvement. Au Surréalisme, Delvaux préférait la "surréalité", c’est-à-dire la capacité que l’homme s’accorde à s’évader d’une réalité commune. La "surréalité" est affaire de solitude. Elle relève de l’individu et jaillit, chez Delvaux, d’un expressionnisme puissant. Sans doute faudra-t-il être confronté à l’œuvre dans son ensemble pour mieux appréhender la spécificité de cette recherche individuelle, libre et ludique. Rétrospective oblige, la conception de l’exposition, qui réunit quelque 120 peintures et 130 dessins et aquarelles, reste monographique. Mais elle met l’accent sur des thèmes qui permettent de pénétrer plus avant l’univers de l’artiste : la nuit, l’archéologie, les gares, les références à Jules Verne, la femme, le Musée Spitzner, qui trouvent ainsi leur sens dans l’évolution obsessionnelle de Delvaux.
Féeriques inventions
Par ailleurs, la présence de documents d’archives souvent inédits, à l’instar de ces vingt et un carnets de croquis légués par l’artiste au musée de Bruxelles, livre au spectateur le "laboratoire de l’œuvre". On verra ainsi comment Delvaux fabrique ces vastes mises en scène théâtralisées en partant d’une pose, d’un regard ou d’un geste qui stimulent son imaginaire en de féeriques inventions. Sans doute faut-il trouver ici la justification de ce qui restera peut-être comme la part essentielle de l’œuvre : le dessin qui s’impose à Delvaux avec la force d’une écriture figurée. Cette question est débattue dans le catalogue. À côté d’une abondante littérature souvent riche d’essais originaux (à commencer par l’ouvrage de Jacques Sojcher chez Albin Michel, la principale référence à ce jour ), il vise moins une relecture de l’œuvre qu’une synthèse scientifique enrichie de documents inédits. Classique dans sa présentation, l’ouvrage publié par les Musées royaux alterne essais introductifs et notices. Une manière de découvrir l’homme et ses thèmes de prédilection ou de s’engager dans la lecture fouillée de ces œuvres singulières aux symboles subtils et toujours cachés.
PAUL DELVAUX, du 21 mars au 27 juillet, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles, tlj sauf lundi 10h-17h, mercredi 10h-21h30. Catalogue en français, néerlandais et anglais, 1 450 FB. Informations au (02) 508 32 32
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Delvaux entre en gare de Bruxelles
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1897 : Paul Devaux naît le 23 septembre
1922 : Il peint ses premières gares
1926-1927 : Delvaux adopte une facture expressionniste
1930 : Il découvre la baraque du Musée Spitzner à la Foire de Bruxelles
1934 : Il découvre l’œuvre de Chirico
1936 : Delvaux expose avec René Magritte au Palais des beaux-arts de Bruxelles
1938 : Il participe à l’Exposition internationale du Surréalisme à Paris
1939 : Il peint Pygmalion
1941 : Il peint La Ville inquiète
1944-1945 : Première rétrospective au Palais des beaux-arts de Bruxelles
1954-1956 : Delvaux réalise la décoration en trompe-l’œil de la Maison Périer à Bruxelles. Début de la période des trains et des gares
1971 : Henri Storck lui consacre un film intitulé Paul Delvaux ou les femmes défendues
1982 : Ouverture du Musée Delvaux à Saint-Idesbald, sur la côte belge
1994 : Delvaux meurt le 21 juillet
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Delvaux entre en gare de Bruxelles