Après les expositions de Boston et de Londres en 2011, puis de Paris en 2012, que peut-on attendre de la monographie dédiée au peintre Edgar Degas (1834-1917) à la Fondation Beyeler ?
Alors que les précédentes manifestations se sont intéressées à son œuvre impressionniste, la plus populaire, celle-ci se focalise sur la période tardive de Degas, longtemps contestée, durant laquelle le peintre fut peu à peu atteint de cécité. Sur les cent cinquante œuvres émanant des musées du monde entier, de nombreuses pièces sont inédites et douze monotypes n’ont jamais été exposés auparavant. Toutes les techniques sont représentées, peintures, dessins, sculptures, gravures, photos ainsi que soixante-cinq pastels.
Après 1886, date de la dernière exposition impressionniste, Degas décide de se tenir à l’écart des modes artistiques et de travailler en toute indépendance. C’est l’occasion pour lui de trouver un second souffle, d’amorcer une période d’inventions. Son langage pictural se radicalise, s’intériorise. Il abandonne progressivement la peinture raffinée et l’utilisation précise des nuances et des pigments pour une peinture faite de hachures sommaires de toutes sortes, éclatantes de couleurs. Il délaisse la « peinture de la vie moderne » pour se consacrer aux danseuses, aux nus, aux jockeys et à leurs chevaux. Pour autant, la passion du portrait ne le lâchera pas, jusqu’à celui d’Henri Rouart et son fils Alexis (1895), véritable chef-d’œuvre.
Le Petit Déjeuner après le bain (1895-1898), œuvre radicale et moderne s’il en est, marque le point de départ de la visite. Ici pas de parcours chronologique, car c’est une fiction chez Degas. L’exposition s’articule sous forme de cabinets de miroirs, chaque œuvre se reflétant dans une autre. Ainsi cette série de Danseuses aux poses peu conventionnelles, vêtues de jupes jaunes, bleues ou violettes dont la puissance chromatique inonde l’espace pictural. De même ces nombreuses variations de Baigneuses s’essuyant, aux tons brûlants, cheveux fauves et corps sensuels qu’il tord jusqu’au déséquilibre. Après cette « orgie de couleurs », les douze petits paysages à la touche onirique, quasi symboliste, semblent presque ternes. À travers cette superbe exposition, la Fondation Beyeler donne à voir une œuvre riche, complexe, singulière, obsessionnelle d’un Degas qui accède dans sa période tardive au sommet de son art.
Fondation Beyeler, Baselstrasse 101, Bâle (Suisse), www.fondationbeyeler.ch
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Degas, si tard mais au sommet de son art
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°653 du 1 janvier 2013, avec le titre suivant : Degas, si tard mais au sommet de son art