L’exposition permet de redécouvrir des peintures qui appartiennent à quatre mouvements distincts : l’impressionnisme, le néo-impressionnisme, le symbolisme et l’expressionnisme. Certains artistes adhèrent successivement à plusieurs de ces courants ou, tel James Ensor, les pratiquent simultanément.
Le vieil homme, la solitude et la mort
La toile Les Masques intrigués (1930) de James Ensor reprend avec fidélité un dessin publié pour la première fois dans la revue La Plume en 1899.
Un homme vêtu d’une cape blanche, coiffé d’un haut de forme, sans masque, se tient au centre. Entouré d’une multitude de têtes grimaçantes, il semble ne pas appartenir au même monde. Il en émane un sentiment de solitude d’autant plus étonnant que la foule dense se presse et dirige tous les regards vers lui. Comme souvent chez Ensor, une tête de mort contemple la scène.
Femme provocatrice contre femme violoniste
Dans une veine également symboliste doublée d’une ironie provocatrice, une femme gravée par Félicien Rops semble se diriger avec sérénité, les yeux bandés, le corps nu, là où un porc la conduit sans hâte, entouré d’angelots virevoltants devant le firmament étoilé. Pornokratès, dessin précis et réaliste d’une scène improbable, provoque un scandale quand il est exposé en 1886 au Cercle des XX.
Tout autre est le sort réservé à la femme dans le Portrait de la violoniste Irma Sèthe. Ici, Théodore Van Rysselberghe applique la théorie divisionniste. La surface de la toile est organisée sans autre hiérarchie que celle imposée par les lois de la physique. Chaque surface du tableau, peau, robe ou mur, est traitée comme une pure perception rétinienne, sans aucune subjectivité.
L’originalité de Van de Velde et de Spilliaert
Pour Henry Van de Velde, passé aussi par le pointillisme, La Faneuse est traitée comme une marqueterie. Chaque surface est clairement délimitée, réduite à une forme simplifiée, sans souci de réalisme. Le nombre de couleurs est limité, sans dégradés et sans nuances. Van de Velde deviendra un des maîtres du Jugenstil, version allemande de l’Art nouveau, et un architecte influent.
La Fuite, comme toutes les œuvres de Léon Spilliaert, ne se livre pas immédiatement. Le fleuve, le pont et le quai s’imposent au regard. Puis l’on remarque de toutes petites silhouettes.
Que se passe-t-il ? Pourquoi les poursuivants continuent-ils à courir vers le poursuivi qui stoppe sa fuite, se retourne, tire ? Seul importe cet éclat lumineux, ce coup de feu, ce court instant. Mais qu’y a-t-il de plus insaisissable qu’un instant ?
Léon Spilliaert occupe une place à part dans la peinture belge. Il manifeste une préférence pour les thèmes philosophiques. Ses paysages perdent le plus souvent leur rapport au réel pour se transformer en étranges signes plastiques.
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De l’impressionnisme au symbolisme, l’avant-garde belge témoigne d’une remarquable diversité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°589 du 1 mars 2007, avec le titre suivant : De l’impressionnisme au symbolisme, l’avant-garde belge témoigne d’une remarquable diversité