PARIS
Au cours de l’année 1961, Raymond Depardon se rend à plusieurs reprises en Algérie pour couvrir l’actualité.
Le reporter de l’agence de presse Dalmas a 19 ans. De cette année de tensions et de transition, il se souvient de la grande difficulté à faire des photos. Le référendum du 8 janvier sur l’autodétermination a ouvert la voie à l’indépendance du pays. Des scènes de rue d’Alger prédominent dans l’archive. Des manifestations en faveur du maintien de la France en Algérie s’y inscrivent avec les accords d’Évian du 18 mars 1962 que Depardon a été le seul à couvrir du côté de la représentation algérienne. Du regard de Kamel Daoud sur cette archive est né, d’abord le projet d’un ouvrage porté par Barzakh, la maison d’édition algérienne de l’écrivain, puis le retour de Depardon à Alger et à Oran, en 2019. Livre et exposition aujourd’hui retranscrivent les profondes réflexions de ce dialogue que le film de Claudine Nougaret, projeté à la fin de l’exposition, fait d’ailleurs mieux entendre que la présentation des textes de Kamel Daoud dans les espaces de l’IMA. « Tout mon regard a été éduqué sur des photos de guerre algérienne où l’on voyait des Arabes algériens, pauvres, dominés, tués, et de l’autre côté des Français, colonisateurs, gras, hautains », rappelle ainsi le journaliste et écrivain. « Dans ce manichéisme dans la photo, il y a les écrasés et les écrasants, entre les deux il y avait d’autres nuances […]. C’est ce que je voulais voir. Et c’est ce que j’ai vu dans tes photos, ce sont ces nuances des corps. Ce n’était pas une envie d’illustrer une guerre. C’était une envie d’illustrer une vie », dit-il. Une vie au travers du quotidien d’une rue saisi sur le vif par Depardon, qui dit beaucoup de ce qu’elle est, que ce soit en 1961 ou en 2019.
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Daoud et Depardon, un regard sensible sur l’Algérie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Daoud et Depardon, un regard sensible sur l’Algérie