Plutôt que d’exposer ses talons dans l’un des hauts lieux parisiens de la mode, Christian Louboutin a choisi de présenter son travail au Palais de la Porte Dorée.
Ancien Musée des arts d’Afrique et d’Océanie, c’est là, en effet, que le célèbre créateur de chaussures développe durant son enfance une sensibilité pour les objets d’art de diverses cultures. Ainsi rend-il hommage au musée tout en mettant en exergue ses inspirations à travers une sélection d’œuvres éclectiques, qu’il intitule « musée imaginaire ». Si le parcours revient sur sa carrière prolifique, de ses débuts dans les années 1980 avec Roger Vivier jusqu’à ses créations les plus emblématiques (la Pigalle), il donne avant tout à voir les influences et les affinités du créateur pour différentes formes d’art. D’emblée, Louboutin met en lumière son attachement pour les métiers artisanaux en exposant huit vitraux spécialement dessinés pour l’occasion. Cet intérêt pour l’artisanat se retrouve dans l’utilisation de matériaux surprenants (écorce de bouleau, clous, Plexiglas, pierres précieuses, strass…) ainsi que « Dans l’atelier », espace pédagogique qui explique les différentes étapes de fabrication du soulier. Toutefois, l’exposition est aussi l’occasion de rendre hommage aux artistes ayant travaillé avec lui. Le soulier de cristal géant de Stéphane Gérard et le théâtre bhoutanais aux colonnes de bois créent ainsi une brillante scénographie. Plus loin, « Fétichisme », salle obscure déconseillée aux moins de 16 ans, dévoile sa collaboration avec le cinéaste David Lynch (2007). Ces photographies érotiques de nus font de la chaussure un objet de fantasme, bien plus qu’un objet d’usage.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°734 du 1 mai 2020, avec le titre suivant : Dans l’intimité de Louboutin
