À la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Josh Kline s’empare de la question de l’emploi dans une exposition percutante et dérangeante.
TURIN - Une salle aux dimensions modestes, avec moquette au sol et lumière tamisée. Au plafond sont suspendues des sphères en verre accrochées suffisamment bas pour que le visiteur puisse en apprécier pleinement le contenu. Hérissées de protubérances, elles évoquent un virus. Quelle maladie se diffuserait donc là ?
À l’intérieur de chacun de ces globes se trouve un carton de format standard empli d’effets personnels : des livres, une paire d’escarpins, un mug, la photo d’un couple encadrée… des bribes d’une vie, piochées entre réel et fiction. Et de se souvenir alors de ces images qui ont fait le tour des télévisions mondiales, montrant des employés américains sommés de quitter leur emploi, emportés dans la tourmente financière, un carton sous le bras. Bienvenue dans le monde du travail vu par Josh Kline.
La Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, à Turin, a convié l’artiste américain à revenir sur cette question du chômage de masse qui a déjà donné lieu à plusieurs installations et expositions. L’une d’elles en particulier, présentée à la galerie 47 Canal à New York, avait fait sensation et est reprise ici : au sol des corps recroquevillés, réalistes au point que leurs visages aux yeux fermés expriment des rictus. Cruauté ultime, tous sont enfermés dans des sacs en plastique transparents, prêts à être jetés, alors qu’à côté un chariot est rempli de bouteilles en plastique dont certaines ont la forme de mains humaines. Dans l’esprit de Kline, « l’horreur » survient dans les années 2030, après une nouvelle crise économique.
Né en 1979 aux États-Unis, l’artiste est coutumier des images chocs, comme ces chariots utilisés par les employés de ménage : au milieu des produits d’entretien, émergent des têtes humaines et des fragments de robots.
Si elles peuvent paraître simplistes car trop directes et littérales, ces images, en mêlant réalité et prédiction, interpellent sans détour, abruptement et sans sentimentalisme excessif, illustrant la manière dont l’innovation technologique produit des effets sur la politique, l’économie, le travail, les corps social et physique. La technologie de pointe – dont d’ailleurs use l’artiste en exécutant ses effigies réalistes à l’aide d’une imprimante 3D – constitue-t-elle un progrès ou n’obère-t-elle pas l’avenir, en ce qu’elle contribuerait à la raréfaction de l’emploi. Si Josh Kline n’apporte pas de réponse ni ne se définit lui-même comme un pessimiste, il signe néanmoins là un scénario noir.
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Chômage et nouvelles technologies
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 12 février 2017, Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, via Modane 16, Turin, tél. 39 011 3797600, www.fsrr.org, jeudi 20h-23h (entrée libre), du vendredi au dimanche 12h-19h, entrée 5 €
Légende Photo :
Vue de l'exposition de Josh Kline à la Fondation Sandretto Re Rebaudengo. © FSRR
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°469 du 9 décembre 2016, avec le titre suivant : Chômage et nouvelles technologies