Les deux conservateurs n’ont pas eu à chercher longtemps les œuvres puisqu’elles proviennent d’un ensemble qui tourne régulièrement dans le monde. Réunie par Peter Viem Kwok, homme d’affaires d’origine vietnamienne ayant étudié aux États-Unis et installé à Hongkong, la collection Dong Bo Zhai est conservée par le Xi’an Qujiang Museum of Fine Arts qu’il a fondé en plein cœur de la Chine continentale, dans la ville de Xi’an, ancienne capitale impériale des dynasties Qin, Han et Tang. L’exposition se tient dans le cadre de l’Année franco-chinoise du tourisme culturel et de la célébration du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine.
Après une salle introductive sur la dynastie Ming et le travail de l’or (des vidéos produites avec le concours de l’École des arts joailliers [Paris] permettent de comprendre comment sont réalisés la granulation, le filigrane, le repoussé, etc.), la découverte des objets commence par la vaisselle. Comme les dynasties mongoles qui les ont précédés, les Ming mangeaient dans des assiettes d’or, mais la collection Dong Bo Zhai comprend surtout de la vaisselle rituelle. Sur le modèle du « plat avec montagne (pan) qui soutient une coupe à libation (jue)», traditionnellement en porcelaine, une exceptionnelle pièce en or sertie de rubis et saphirs porte une inscription officielle la datant précisément [voir ill.]. Une verseuse et des vases d’applique s’ornent de plaques de jade sculpté, des paniers ajourés au couvercle garni de fleurs au cœur de rubis sont réalisés en filigrane. Un somptueux sceptre ruyi (porte-bonheur offert à certaines occasions) se termine par un médaillon de jade ajouré représentant une aigrette au milieu des lotus. Un décor complexe de rinceaux de fleurs filigranées au cœur de rubis ou de spinelles, disposé sur une résille, parcourt le manche jusqu’au caractère (« sinogramme ») shou signifiant la longévité et à une chauve-souris, symbole de bonheur.
Chefs-d’œuvre des bronziers orientaux
Amsterdam. Une part de l’extraordinaire virtuosité des orfèvres de la dynastie des Ming trouve ses racines dans celle des bronziers orientaux qui les ont précédés. C’est à cet art qu’est consacrée à Amsterdam l’exposition du Rijksmuseum qui rassemble plus de 75 bronzes provenant des actuels Inde, Pakistan, Vietnam, Thaïlande, Indonésie, Népal, Chine, Japon et Corée. Ils sont conservés dans des musées d’Asie (Chine exceptée), américains et européens, notamment les musées des arts asiatiques Guimet, Cernuschi (Paris) et de Nice. Une quinzaine de ces œuvres n’était jamais venue en Europe. De la Femme debout (vers 2500-1500 avant notre ère) de Mohenjo-Daro (Pakistan) au Miroir magique Amida (2024) du Japonais Yamamoto Akihisa, l’art des bronziers est ici décliné en pièces exceptionnelles. Le Rijksmuseum a organisé le parcours autour de sa récente acquisition, Guhyasamaja Akshobhya (1re moitié du XVe siècle), un somptueux cuivre doré et peint tibétain. L’exposition fait suite à des recherches approfondies menées par une équipe internationale sur la collection de bronzes asiatique du Rijksmuseum – composition, techniques de fonte, patine – qui sont détaillées dans le catalogue (en anglais). É. S.
Bronzes d’Asie. 4 000 ans de beauté,
jusqu’au 12 janvier 2025, Rijksmuseum, Museumstraat 1, Amsterdam (Pays-Bas).
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Chez les Ming, tout ce qui brille est d’or
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°643 du 15 novembre 2024, avec le titre suivant : Chez les Ming, tout ce qui brille est d’or