Fin XIXe, le progrès de la science et ses applications servent l’imaginaire des artistes et font émerger une nouvelle esthétique. Différents courants d’avant-garde voient le jour, créant des mouvements qui témoignent de la richesse de la création artistique au début du XXe siècle.
En Russie comme ailleurs, il est entendu que l’art n’a pas à être le reflet de la réalité. On découvre le cubisme par les grandes collections des industriels Chtchoukine et Morozov qui les font visiter, mais aussi parce que les œuvres cubistes figurent dans les expositions internationales présentées en Russie. Les années de 1911 à 1913 sont particulièrement riches en initiatives : Kandinsky fait paraître son programme Du spirituel dans l’art, Natalia Gontcharova fonde avec Mikhaïl Larionov le groupe néo-primitiviste, qui organise à Moscou l’exposition à scandale « La Queue d’âne ». Il évoluera vers le rayonnisme, dont Larionov sera le chef de file, puis vers le cubo-futurisme, émanation des peintures cubistes et des idées futuristes. Il est vrai qu’à travers son Manifeste, le futurisme de Marinetti s’est fait largement connaître en Russie comme un mouvement subversif et suscite des passions.
Le déclenchement de la Grande Guerre ramène en Russie des artistes qui travaillaient à l’étranger : Chagall est nommé directeur des Beaux-Arts de Vitebsk, mettant en pratique les fondements d’une nouvelle manière de voir, de peindre. Kandinsky contribuera à la création de vingt-deux musées dans les provinces russes. En 1915, à Saint-Pétersbourg, une exposition centrée sur Malevitch révèle le suprématisme : Carré noir sur fond blanc, présenté sans cadre, stupéfie le public. Le suprématisme retient l’attention de nombreux artistes comme Rodtchenko, Rozanova, Klioune et Popova, mais chacun inventera sa propre vérité. À son retour de Paris où il a vu des collages et assemblages dans l’atelier de Picasso, Vladimir Tatline s’en inspire un temps pour créer ensuite sa série de Contre-Reliefs qui marque l’essor du mouvement constructiviste.
Ce qui rend l’exposition du Grimaldi Forum exceptionnelle, c’est le nombre d’œuvres majeures présentées par le commissaire Jean-Louis Prat, plus de cent cinquante, dont une grande partie est montrée pour la première fois hors les murs. Conservées depuis des lustres dans les collections nationales russes, ces pièces ont fait l’objet de prêts exceptionnels émanant de la Galerie Tetriakov, le Musée Pouchkine et le Musée d’État russe à Saint-Pétersbourg. D’autres prêts provenant du Centre Pompidou et de différents musées européens complètent cette liste prestigieuse.
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Chefs-d’œuvre des avant-gardes russes
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Chefs-d’œuvre des avant-gardes russes