Dans la pièce silencieuse, solitaires et concentrés, les jeunes garçons construisent patiemment leurs châteaux avec quelques cartes à jouer. Élégamment habillés et coiffés, ils disposent non sans astuce as, rois et valets sur le tapis vert recouvrant la table.
Un thème, quatre variations que Chardin produit entre 1735 et 1737. Certes, « le magicien », comme l’appelait Diderot, se répète, son imagination a ses limites, mais son talent n’en a pas, car Chardin a plus d’un tour dans sa manche pour nous séduire. Les atouts se conjuguent dans son jeu pour faire de chacun de ces tableaux une icône de la perfection. Cadrage serré, tons doux et soyeux, lumière diaphane et intime, finesse des détails, contrastes mesurés, la comparaison des éléments induit de subtiles analyses de forme et de fond.
Pour la première fois, les quatre versions du Château de cartes sont réunies autour de l’acquisition faite fin 2007 par la famille Rothschild. Les trois autres tableaux viennent du Louvre, des National Gallery de Londres et de Washington. Outre les versions sœurs de La Récureuse et celles du Garçon cabaretier, deux œuvres saillantes accompagnent cette présentation, Une dame prenant son thé et La Fillette au volant. Chardin atteint là des sommets de délicatesse. Prendre le temps de les admirer est un moment de bonheur. Le visiteur découvre à cette occasion une étonnante série de cartons réalisés en France au XVIIIe siècle pour s’exercer au jeu de l’oie.
« Prendre le temps, les châteaux de cartes de Chardin et autres peintures », Waddesdon Manor, The Rothschild House, près de Aylesbury, Buckinghamshire (Grande-Bretagne), www.waddesdon.org.uk
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Chardin abat son carré d’as
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°647 du 1 juin 2012, avec le titre suivant : Chardin abat son carré d’as