On croit souvent bien connaître un artiste, et voilà qu’une exposition rétrospective nous offre l’occasion de découvrir certaines facettes de son travail que l’on ignorait.
Il en est ainsi de la remarquable exposition de l’Américain Carl Andre, figure de proue de l’art minimal des années 1960-1970, né en 1935 dans le Massachusetts. Si ses sculptures aux allures de jeux de construction sont familières d’un regard féru d’art contemporain, il n’en est pas de même de ses premiers travaux, véritable pépinière qui permet de mieux appréhender celles-ci. Les poèmes manuscrits et tapuscrits qu’il a composés entre 1958 et 1973 ainsi que les petits assemblages faits d’un rien, glané ici et là, qu’il a multipliés au début des années 1960, en disent bien plus long que n’importe quelle glose. Ils contiennent en germe tous les jeux de combinaison et de déclinaison qui caractérisent les constructions advenues par la suite et situent bien la démarche de l’artiste à l’aune d’une réflexion sur la possibilité d’un langage plastique autonome. Sur ses rudiments, sa syntaxe et sa capacité à produire du sens. Aux jeux d’échelle, de matérialité et d’occupation d’espace, l’art de Carl Andre, qui orchestre toutes sortes de détournements, laissant volontiers l’autre décider de la présentation de certaines de ses compositions, procède en fait d’une phénoménologie de la perception dans le but d’interroger notre rapport au monde. Il en ressort que, par-delà un aspect objectif, parfois même résolument neutre, son œuvre détermine une inattendue poétique du sensible.
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Carl Andre, en long et en large
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Abonnez-vous dès 1 €Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du président-Wilson, Paris-16e, www.mam.paris.fr
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Vue de l’exposition Carl Andre. Sculpture as Place, 1958–2010, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris © Photo Pierre Antoine
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°697 du 1 janvier 2017, avec le titre suivant : Carl Andre, en long et en large