Collectionneur et mécène : c’est l’image que la postérité a longtemps retenue de Gustave Caillebotte, ami généreux et protecteur fortuné de la jeune garde des peintres impressionnistes – Pissarro, Renoir, Degas, Sisley, Millet, dont les quelque quarante tableaux légués à sa mort à l’État français forment le noyau du fonds impressionniste du Musée d’Orsay.
Depuis une trentaine d’années, le regard s’est tourné vers l’artiste Caillebotte, et c’est dans cette lignée que se situe l’exposition de la Fondation Gianadda, qui déroule chronologiquement le parcours d’un peintre prolixe bien que tôt disparu, à l’âge de 46 ans, en 1894. Discrétion et sensibilité semblent être les maîtres-mots de cet ensemble de tableaux, qu’il s’agisse de portraits, de paysages urbains ou campagnards. Ses toiles sont d’une rare justesse lorsqu’elles croquent sur le vif mais en silence des scènes de la vie quotidienne bourgeoise (une séance de lecture ou une leçon de piano), mais aussi du monde du travail (à l’image de la toile Les Raboteurs de parquet, dont la version du Musée d’Orsay est présentée ici). Ses compositions de fleurs, peintes avec vivacité ou plus raides, arrangées dans des vases, traduisent son goût immodéré de l’horticulture, un loisir qu’il entretient dans la propriété familiale d’Yerres ou dans sa résidence du Petit Gennevilliers, en bord de Seine. Nombreuses sont ses vues intimistes de jardin, de plates-bandes fleuries, d’arbres du verger ou de jardin potager à occuper les cimaises de la Fondation et à faire écho chez le spectateur aux peintures du jardin de Giverny signées de son ami Monet. Caillebotte aime peindre son environnement proche (la poésie des bords de Seine, les activités nautiques sur le fleuve qu’il pratique lui-même en amateur, les villages et les plaines agricoles de l’Île-de-France). Mais c’est probablement avec ses vues parisiennes – ces scènes de style quasi photographique aux cadrages originaux et aux perspectives hasardeuses représentant la vie urbaine, du pont de l’Europe au Boulevard Haussmann – qu’il ose le plus et que le caractère moderne de sa peinture saute aux yeux du spectateur de 2021.
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Caillebotte intime
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°747 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : Caillebotte intime