Gustave Caillebotte (1848-1894) est un très grand artiste qui connut trois infortunes : être mort trop tôt (à l’âge de 45 ans), avoir été entouré par d’immenses artistes (Monet, Degas, Cézanne) qui, furent de gigantesques soleils produisant des ombres cruelles, et avoir été un collectionneur dont les inestimables libéralités (un legs au Louvre de splendeurs impressionnistes) éclipsèrent un temps le peintre, aujourd’hui en majesté à la Fondation Pierre Gianadda, ce temple à réhabilitations.
Pour cette exploration monographique, Daniel Marchesseau est parvenu à réunir dans l’écrin suisse les bijoux méconnus ( Balcon, boulevard Hausmann, 1880), ainsi que les joyaux, parmi lesquels Les Raboteurs de parquet (1875) du Musée d’Orsay et le Pont de l’Europe (1876) du Musée du Petit Palais de Genève, ce chef-d’œuvre de métaphysique urbaine dont la perspective étrange redouble le sentiment d’absorption des personnages. Peintre de la vie moderne, des ponts et des toits, du métal et du vif-argent, Gustave Caillebotte est un scrutateur avide, capable de fouiller l’infrangible solitude des hommes perdus dans les grands espaces et les mondes intérieurs, fils de Caspar David Friedrich et de Vilhelm Hammershøi. Influencé par la plasticité de la photographie, que pratique assidûment son frère Martial, Caillebotte joue avec les cadrages et les écrans, explore la peinture ainsi que l’optique, la vue ainsi que la vision, la nature morte et la vie des fleurs, tout ce que le monde compte de mystère, quand le mystère n’est pas une dissimulation, mais une énigme offerte en partage.
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Caillebotte, enfin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°745 du 1 juillet 2021, avec le titre suivant : Caillebotte, enfin