Bruges, entre rêve et cauchemar

Le patrimoine brugeois se conjugue avec le thème du trauma afin de révéler cette ville touristique, célèbre pour ses peintres illustres (Van Eyck, Memling…) et son tissu médiéval remarquable, sous un nouveau jour. En effet, derrière la façade élégante et luxuriante de cette destination vantée par les guides et les cartes postales, sont à l’œuvre des dimensions cachées, avec des histoires oubliées refaisant surface, sur fond de pauvreté, de solitude et de peur. Oscillant entre rêve et cauchemar, espace public et privé, actualité et passé ainsi que splendeur et macabre, les 13 artistes sélectionnés, d’Amanda Browder à Héctor Zamora, en passant par Nadia Kaabi-Linke, Henrique Oliveira, Hans Op de Beeck et Adrián Villar Rojas, se partagent la ville pour susciter chez les promeneurs, via leurs installations spectaculaires ou intimistes, une interrogation sur l’espace urbain, combinant la beauté, l’imagination et l’étrange tapi dans les profondeurs. Parcourant un Bruges aussi lumineux (via ses canaux, ses rues pavées et ses maisons paisibles) qu’obscur (avec ses terrains vagues, ses ruelles, ses chantiers, ses arrière-cours et autres portiques dérobés), les visiteurs vont de surprise en surprise, à la fois émerveillés et désorientés par ce qu’ils découvrent (un carrousel fantôme signé Hans Op de Beeck, des bancs publics aux pointes acérées proposés par Kaabi-Linke, un espace labyrinthique troublant par Gijs Van Vaerenbergh, etc.), ne cessant ainsi jamais de vivre pleinement une expérience subjective de la ville.