Bruegel et l’estampe : une exposition de circonstance

Et ce n’est hélas pas la manifestation inaugurale de cette commémoration qui va changer la donne. « L’estampe au temps de Bruegel » donne en effet la désagréable impression d’être une exposition de circonstance, montée à la hâte et sans réel propos. D’ailleurs la manifestation, qui réunit cent cinquante gravures provenant toutes de la Bibliothèque royale de Belgique, n’est pas accompagnée d’un catalogue, mais uniquement d’un livret de quelques pages, ce qui est révélateur de son absence d’ambition scientifique. Le seul fil conducteur de cette manifestation fourre-tout est de montrer des estampes produites dans les Pays-Bas méridionaux par des artistes du XVIe siècle. Malgré la qualité de certaines pièces, l’accrochage manque cruellement de rythme, étant scindé en quatorze sections au propos presque interchangeable, et au titre aussi fumeux que « célèbre ou scandaleux » ou « gravures à foison ». Malgré ces défauts, l’exposition aurait toutefois pu développer des aspects intéressants en se penchant notamment sur des considérations techniques, une dimension fort méconnue en dehors du cercle des amateurs et des historiens. Au contraire, cette exposition sans enjeu fait l’impasse sur la médiation, desservant un peu plus l’image de ce médium déjà peu plébiscité du grand public.