L’histoire de l’art est faite de rencontres et de liens tissés entre les artistes et leurs anges gardiens.
Ceux qui unissent après la Seconde Guerre mondiale A. M. Hammacher, auteur de textes sur la sculpture, et Barbara Hepworth (1902-1975), célèbre sculptrice anglaise – elle a représenté le Royaume-Uni en 1950 avant de remporter le grand prix de la Biennale de Sao Paulo en 1959 –, a toute sa place dans cette histoire. Nommé en 1947 directeur du Musée Kröller-Müller à Otterlo (Pays-Bas), Hammacher rencontre Hepworth dans les années 1950. Il lui consacre un premier article dans un magazine avant de lui dédier une monographie, la première publiée sur son travail, en néerlandais et en allemand, en 1958. À cette date, le directeur du musée sait-il qu’il créera bientôt un parc de sculptures ? En tout cas, l’artiste est présente avec Rodin et Henry Moore lorsque le parc est inauguré en 1961. Elle y est tellement indispensable que Hammacher lui confie ensuite la responsabilité d’inaugurer en 1965 le fameux pavillon de Gerrit Rietveld dans le jardin par une exposition personnelle. Une occasion, saisie par l’artiste, de rappeler son attachement au dialogue de son travail avec l’architecture et la ville. Cet épisode est raconté, et en partie reconstitué, dans la salle qui clôture la rétrospective que consacre la Tate Britain à Barbara Hepworth. D’autres histoires sont racontées, comme celle, en salle 2, de la rencontre en 1931 avec le peintre Ben Nicholson ; le dialogue esthétique qui s’instaure entre les deux est vite fécond. Certaines sculptures d’Hepworth semblent même parfois n’être que la traduction parfaite des peintures de Nicholson, et inversement… La salle 3 narre une autre histoire : celle de son rapprochement en 1935 avec le mouvement moderne international. Il n’est plus question ici, comme dans la première salle, de rapprocher les œuvres d’Henry Moore ou de Jacob Epstein avec celles d’Hepworth, mais d’accrocher au mur les pages de la revue Exis sur lesquelles Hepworth voisine avec Giacometti, Arp, Brancusi, etc. La salle suivante est dédiée à ses projets pour la ville ; la suivante encore – la plus réussie – à la série Quarea (1954-1955), dont chaque sculpture en bois porte le nom d’une île grecque. C’est la force de cette très belle exposition d’enchaîner les histoires et les anecdotes ; sa faiblesse aussi, chaque salle étant traitée différemment de l’autre, au détriment de l’unité du parcours. Même si, au final, seule compte l’œuvre de Barbara Hepworth.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Barbara Hepworth, Par épisodes
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €« Barbara Hepworth. Sculpture pour un monde moderne », Milbank, Tate Britain, Londres (Grande-Bretagne), www.tate.org.uk/tate-britain
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°683 du 1 octobre 2015, avec le titre suivant : Barbara Hepworth, Par épisodes