ANGOULÊME
La bande dessinée française serait-elle la même si Futuropolis n’avait pas existé ?
Avant que, dans les années 1990, la maison d’édition L’Association ne vienne renouveler les codes du genre, le label fondé par Étienne Robial et Florence Cestac – racheté plus tard par Gallimard – contribua quinze ans plus tôt à faire bouger les lignes. Tout commence en 1972, lorsque le duo reprend une librairie spécialisée du XVe arrondissement qu’ils transforment en une plateforme de la création internationale. Comics et raretés, on vient ici faire des trouvailles au-delà des frontières de l’édition franco-belge et des albums BD pour ados, de la même façon qu’on guettait, à l’époque, les nouveautés rock chez les disquaires pointus.
L’adresse est d’autant plus courue qu’elle se double dès 1974 d’une activité d’édition. Futuropolis exhume des maîtres, comme Edmond-François Calvo et s’offre le luxe de publications en format 30 x 40, plus proche de celui des planches originales. Tout en donnant leur chance à des débutants, le duo accueille aussi les talents confirmés : Tardi, Bilal, F’Murr, Willem… Exigence graphique et liberté d’expression, l’esprit des lieux fédère une génération de dessinateurs et de scénaristes. Florence Cestac – devenue depuis elle-même une auteur reconnue – et Étienne Robial – auquel on doit entre autres l’habillage de la chaîne Canal Plus – ont fait don des archives de cette aventure éditoriale, terminée en 1994, à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image. Cette exposition en offre un aperçu.
Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, 121, rue de Bordeaux, Angoulême (16), www.citebd.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°721 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Bande dessinée : les archives du futur