Balzac à jamais honoré

Marquant les 220 ans de la naissance de l’écrivain, cette exposition, aussi brillante qu’originale, en illustrerait chaque page. Elle relate à la fois avec hauteur et précision comment, agacé par les charges de Dantan, Balzac fixe lui-même pour la postérité son image. Il a les bras croisés, il est en robe de chambre, sa chevelure rejetée en arrière. David d’Angers « de sa face de bouledogue tire une tête olympienne ». Les traits de l’écrivain sont désormais figés. Fournier, Chapu, Gaumont, Falguière les reprennent avec plus ou moins de réussite. Rodin appuyé par Zola se documente, multiplie les études de muscles et de drapés, ajoute, élimine. Il éternise enfin une pose dont la modernité déconcerte et fait polémique. Mais l’audace et la puissance de l’œuvre triomphent. L’ensemble des documents, dessins, photos et sculptures, dont vingt-deux sont prêtées par le Musée Rodin, témoignent de la longue et lente genèse des commandes publiques passées ou envisagées autour de l’hommage à rendre à Balzac. Les croquis des uns, les modelages des autres, au demeurant intéressants, s’effacent « devant cet instant de concentration formidable et de tragique exagération », selon les mots de Rainer Maria Rilke parlant de la statue de Rodin. Ce dernier estimera que les prises de vue d’Edward Steichen « feront comprendre au monde mon Balzac ».