C’est l’éveil et toute l’évolution de la civilisation du Soudan qui se déroulent au British Museum. Plus de trois cents objets ont été prêtés par le musée de Khartoum.
Le Soudan, ancienne Nubie, situé entre l’Égypte et l’Éthiopie, a de tout temps entretenu avec l’Égypte des relations complexes, rivalité toujours, domination parfois. Cette opposition se lit dans les objets des temps paléolithiques à l’ère islamique. Traversons quelques millénaires pour admirer, après la révolution néolithique des Ve et IVe millénaires, parmi les nombreuses créations en terre cuite, un harmonieux gobelet caliciforme et des figurines féminines stéatopyges. À Kerma, nouvelle et remarquable étape, entre 2 000 et 1 550 av. J.-C. : dans ce royaume se développe une culture très africaine. Pas encore d’écriture mais l’emploi de sceaux prouve l’existence d’une administration. Des peintures révèlent la présence de troupeaux, de bateaux sur le Nil. De nombreux objets racontent la vie des habitants : le bronze sert à fabriquer des armes ou des miroirs, les bols en céramique rouge et noire prouvent une recherche de beauté. Durant le Moyen Empire égyptien, de nombreux vestiges révèlent une forte poussée de l’Égypte entre Assouan et Kerma. Une grande Statue d’Amenhotep I, une autre d’Amenhotep II, une Statue cube d’un scribe signent cette colonisation de la Nubie, prélude d’une acculturation destinée à s’intensifier. Au Nouvel Empire, la civilisation égyptienne est toujours plus présente. Plus tardive se dresse, admirable de dynamisme, une statue en pied de roi kouchite (Ve siècle av. J.-C.) en bronze et plâtre revêtu de feuilles d’or. Le précieux métal symbolisait la nature divine de son corps. C’est une œuvre unique en son genre marquant une période où l’anarchie régnant en Égypte permet au royaume de Kouch (en Nubie) de se rendre indépendant avec Napata puis Méroé pour capitale. Le fer est largement utilisé, on parle et on écrit en égyptien mais la langue méroïtique (en cours de déchiffrement) se développe aussi.
Au vie siècle lorsque la Nubie adopte le christianisme. Les objets retrouvés sont destinés au culte, comme ce beau calice en céramique polychrome. Au viie siècle, les Arabes déferlent sur le pays réduisant au tribut les habitants qui restent chrétiens jusqu’à la conquête par les Mamelouks d’Égypte au XIVe siècle. Les derniers objets exposés révèlent une vie quotidienne assez simple mais le luxe se manifeste dans l’armement. De nombreux objets du musée de Khartoum sont des vestiges sauvés de la montée des eaux du Nil causée par la construction du barrage d’Assouan en 1963-1968. Une nouvelle digue est en construction à la quatrième cataracte en amont de Méroé ; elle inondera 170 kilomètres de la haute vallée du Nil d’ici 2008, exigeant de gros efforts de sauvetage des richesses archéologiques.
« Soudan », LONDRES, British Museum, Great Russell Street, tél. 00 44 20 7323 8000, jusqu’au 9 janvier.
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Au Soudan, des siècles de splendeur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°565 du 1 janvier 2005, avec le titre suivant : Au Soudan, des siècles de splendeur