Les collections du National Museum du Soudan ont été pillées par les miliciens paramilitaires.
Le National Museum of Sudan à Khartoum a été pillé par la milice paramilitaire des « Forces de soutien rapide » (FSR) en guerre depuis avril 2023 contre l’armée soudanaise, rapporte un média soudanais. Le musée se trouve dans un grand bâtiment sur les rives du Nil, près de la banque centrale dans le centre de Khartoum, dans une zone contrôlée par les miliciens de la FSR où se sont déroulés des combats très violents en avril 2023. Des « opérations de pillage et de contrebande » et certaines pièces des collections ont fait l’objet de trafic en dehors des frontières sud de la nation, affirme une chaîne de télévision soudanaise. Des images satellites ont confirmé qu’un camion transportait des objets des musées un peu plus tôt dans l’année. Le musée n’a pas fait état des objets volés mais la chaîne a confirmé que les artefacts avaient été vus sur une vente en ligne.
Le musée a subi des destructions sur deux éléments de l’ancien temple égyptien de Bouhen et sur un mur de l’ancien temple égyptien d’Aksha. Le National Museum of Sudan (1971) est un des plus vieux musées du pays, il possède des collections archéologiques (sculptures, poteries, peintures murales) de l’âge de pierre à la période Islam et de très anciennes momies de 2500 avant J.-C.
Les miliciens de la FSR ont été accusés de pillage dès le début de la guerre en 2023. La FSR nie pourtant les accusations de pillage en soutenant remplir sa mission de « sauvegarde des biens culturels de la capitale ». Le média Middle East Eye a diffusé des images des combattants miliciens attaquant le laboratoire de bio-archéologie M.Bolheim à Karthoum où étaient conservés des squelettes humains de 3300-3000 avant J.-C.
Depuis mai 2023, le personnel du National Museum of Sudan n’a plus accès au bâtiment à cause des combats dans la zone et les forces de police se sont retirées, laissant le musée sans protection. Les musées de la région de Khartoum « n’ont désormais plus de gardes pour les protéger du pillage et du vandalisme » a déclaré Sara Abdalla Khidir Saeed dans un communiqué. L’ONG « Heritage for Peace » indique que de nombreuses archives culturelles ont été perdues dans les musées, les archives et les bibliothèques. Au Centre Mohamed Omer Bashir d’études soudanaises de l’Université Ahlia d’Omdurman, des archives en cours de numérisation sur l’histoire des mouvements ouvriers locaux ont été détruites. D’autres musées et centres d’art ont subi des destructions et des pillages : le Centre Abdul Karim Mirghani et le Musée Sultan Bahruddin. Le Théâtre des Arts du spectacle d’El Geneina a été incendié.
Les sites archéologiques n’ont pas été épargnés : actes de vandalisme, destructions sur le site archéologique de Naqa et à Musawwarat Sufra, désormais entourés de camps militaires. L’Unesco a confirmé l’atteinte au patrimoine des musées et des centres culturels en indiquant suivre attentivement les exactions.
Le patrimoine soudanais est constitué d’une variété de sites culturels et historiques ancestraux due aux différentes civilisations qui ont habité le territoire : l’Égypte pharaonique, les royaumes chrétiens et les civilisations islamiques. Selon le Jordan Times, l’attaque contre le patrimoine culturel serait plus qu’un dommage collatéral de la guerre : il s’agirait d’une tentative pour effacer l’histoire et le patrimoine national.
La FSR, soutenue par les Émirats arabes unis est entrée en guerre en avril 2023 contre les SAF (forces armées soudanaises) pour des raisons politico-économiques mêlées à des conflits ethniques. La guerre civile a entraîné 8 millions de déplacés et un risque de famine pour 25 millions de personnes. La FSR, composée de miliciens soudanais et arabes, est accusée par les Human Rights Watch de génocide contre la communauté Massalit dans la région du Darfour.
Heritage for Peace a pointé les difficultés d’obtention et de vérification des informations sur l’état des sites culturels à cause des déplacements de population. Une initiative de protection du patrimoine soudanais a été lancée en mai 2023. La Société nationale des antiquités et des musées du Soudan (NCAM) et le Centre interne d’études pour la préservation et la restauration des biens culturels ont proposé des stratégies de prévention, notamment l’évacuation des objets même si les combats continuent.
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Le patrimoine, victime collatérale de la guerre civile au Soudan
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