À l’Espace Electra, haut lieu de la lumière à Paris, et en collaboration avec l’Instituto de México, à Paris, est présentée une exposition consacrée aux “bâtisseurs de lumière”? mexicains. Exposition passionnante et néanmoins ambiguë en ce qu’elle ne fait pas, justement, toute la lumière sur l’architecture mexicaine moderne et contemporaine.
PARIS - Dès l’entrée de l’exposition, des pendrillons légers et parfaitement éclairés plongent les visiteurs dans une atmosphère chromatique de bon augure. Cela débute par un hommage à Luis Barragan, l’homme-matière, l’homme-couleur par excellence. Et voici que se profilent les maquettes réalisées par les étudiants de l’École spéciale d’architecture, à Paris. Celles de la chapelle des Capucins à México et de la Fontaine des amants de Los Clubes, célèbre club hippique des environs de Mexico. Mais où sont passées les couleurs et les matières ? Certes, ces maquettes sont respectueuses de la géométrie, mais elles se situent aux antipodes de l’art et de la manière, de l’esprit et de l’âme de Barragan. Dommage... Au sous-sol, trois vidéos passionnantes consacrées, la première, à la cité universitaire de Mexico, projet emblématique et fédérateur, résumé en mouvement de l’architecture mexicaine des cinquante dernières années ; la deuxième, aux ateliers dos à dos de Frida Kahlo et Diego Rivera, conçus et édifiés par l’architecte O’Gorman et considérés comme la première œuvre architecturale moderne mexicaine ; la troisième enfin, à l’inévitable Luis Barragan, sa vie, son œuvre, son style, son influence. Au premier étage de l’Espace Electra sont regroupées les “figures contemporaines” : ceux que, bien sûr, l’on s’attend à retrouver, tels Teodoro González de Léon, Ricardo Legorreta ou encore les Ten Arquitectos, et puis une petite cohorte de sept architectes, souvent très jeunes : Alberto Kalach, Alfonso Lopez Baz, José de Yturbe, Javier Sánchez, Abraham Zabludovsky, Francisco Serrano et Felipe Leal.
Assis sur de confortables banquettes, le visiteur est ainsi confronté à ce qui se fait de mieux actuellement au Mexique en matière d’architecture. À l’évidence, la lumière naturelle mexicaine joue un grand rôle dans une écriture architecturale plus “internationaliste” que locale. De la même manière, la démographie et l’urbanisme galopants, le gigantisme d’une des plus grandes capitales du monde favorisent-ils l’éclosion d’une génération d’architectes au regard panoramique, au talent tôt affirmé et à l’énergie assumée.
Cette exposition est donc une découverte majeure orchestrée par l’architecte Miquel Adriá, par ailleurs directeur de la revue Arquine. On sent bien dans ses choix la rigueur de l’observateur-analyste-critique. Néanmoins, on quitte l’exposition légèrement insatisfait, comme sur sa faim, avec le sentiment que Miquel Adriá n’a soulevé qu’un coin du voile, et la certitude que le Mexique a encore bien des révélations à nous livrer. Révélations à la mesure de ce qui est dévoilé ici : d’une invention et d’une maîtrise inattendues.
Jusqu’au 27 avril, Espace Electra, 6 rue Récamier, 75006 Paris, tél. 01 53 63 23 45, tlj sauf lundi 12h-19h. Catalogue Ed. Norma, 160 pages, 35 euros.
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Architectures de lumière
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°167 du 21 mars 2003, avec le titre suivant : Architectures de lumière