BRUXELLES / BELGIQUE
À Bruxelles, Bozar revendique une position fragile pour raconter l’avant-garde en Europe centrale après 1914.
Bruxelles. En anglais, le mot beyond veut dire à la fois « après » et « derrière ». En choisissant le titre « Beyond Klimt », le Palais des beaux-arts de Bruxelles laisse planer une ambiguïté. A-t-on simplement affaire aux artistes dont l’activité débute après la disparition en 1918 du chef de la Sécession viennoise ou à ceux pour qui les succès de Klimt, mais aussi de Schiele (mort la même année), laissent peu de place ? Selon les organisateurs : « les artistes de l’ancien Empire austro-hongrois ont créé des liens avec les scènes artistiques des quatre coins du monde » et ils ont participé à « des mouvements d’envergure internationale, tels que le surréalisme, l’expressionnisme, le néoréalisme ou encore le constructivisme ».
Si l’on admet volontiers cette contribution d’un Kupka ou d’un Moholy-Nagy, de nombreuses œuvres montrées ici restent des versions plutôt pâles de l’avant-garde qui se développe ailleurs en Europe. Quelques exceptions toutefois : le cubisme tchèque avec Antonin Prochazka et Bohumil Kubista ou les nouvelles techniques théâtrales réalisées par Friedrich Kiesler que l’on connaît mal en France. Encore moins convaincante est la section « Variations sur le figuratif », une appellation bien vague ; ou celle dénommée « Abstraction-Création et Surréalisme », qui réunit deux mouvements ennemis. Passé le chapitre « Révolution et Renouveau » (à peine quelques revues et deux affiches), on a droit – sous le titre malheureux : « Regard inquisiteur et réalisme aliénant » – aux travaux qui oscillent entre la Nouvelle Objectivité et le Réalisme Magique, sans en avoir la puissance inquiétante (Herbert Ploberger, Window Shopping, 1928).
Le parcours, qui se poursuit avec la section consacrée au « Bauhaus », puis celle désignée par « Guerre et Désillusion » – probablement la meilleure partie de la manifestation –, s’achève sur « De l’humanisme à la barbarie en passant par le nationalisme » : une vaine tentative d’illustrer une problématique fondamentale avec peu d’œuvres. Les quelques toiles de Kokoschka, le seul « patron » de l’école de Vienne alors encore en vie, ne suffisent pas à rehausser une exposition qui, comme d’ailleurs son éclairage, reste terne.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°514 du 4 janvier 2019, avec le titre suivant : Après Klimt, des horizons nouveaux un peu nébuleux