PARIS
Antoni Clavé (1913-2005) est un artiste dont on parle peu. Il a pourtant apporté à la gravure sa vision singulière en lui faisant emprunter les caractéristiques de la peinture.
Les commissaires de l’exposition « Antoni Clavé, Estampes », organisée par la Bibliothèque nationale de France à l’occasion de la donation de quatre-vingt-douze estampes par les petits-enfants du peintre espagnol, ont été soucieux de révéler la manière dont la gravure peut enrichir la pratique picturale d’un artiste. Dès le premier regard, la cinquantaine d’estampes présentées, toutes encadrées, titrées, accrochées, offre une illusion troublante de picturalité.
Au fil d’un parcours chronologique qui va des années 1950 aux années 1990, l’exposition dévoile les expérimentations successives de Clavé dans le domaine de l’imprimé : la lithographie, la taille-douce et la gravure au carborundum. Cette dernière technique, qui permet d’ajouter de la matière à la matrice, fut une révélation pour son travail.
Ainsi libérées de la bi-dimensionnalité, ses œuvres abstraites se font écho par un jeu d’associations de matériaux divers et de motifs récurrents. Les recherches du peintre graveur, communes à celles d’autres artistes espagnols comme Joan Miró ou Antoni Tapiès, sont le signe d’une époque où l’estampe connaît un regain d’intérêt pour le renouvellement des formes qu’elle rend possible.
La présence de peintures de Clavé au sein de l’exposition aurait permis néanmoins de témoigner davantage de ces allers-retours entre peinture et gravure qui semblent être un aspect essentiel de son art. Un catalogue raisonné réunissant cinq cent vingt estampes de l’artiste est publié, à cette occasion, aux éditions Skira (264 p., 99 €).
« Antoni Clavé, Estampes »,
Bibliothèque nationale de France, Quai François-Mauriac, Paris-13e, www.bnf.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°709 du 1 février 2018, avec le titre suivant : Antoni Clavé, des estampes picturales