Fleurs - Cucul, ringarde et même, injure suprême pour les avant-gardes, décorative ! Voilà quelques clichés qui collent à la peau de la peinture de fleurs.
Ou plus exactement qui collait car, lentement mais sûrement, ce discrédit tenace tend à s’estomper. Il suffit de regarder la quantité d’ouvrages récents qui tentent de réhabiliter ce genre méprisé, mais aussi la formidable exposition « Flower Power ». Derrière ce titre aux accents hippies se cache en effet une passionnante exploration du pouvoir des fleurs et de la fascination qu’elles exercent sur les artistes à travers les âges et, surtout, un décryptage de l’extraordinaire polysémie de ce sujet a priori bateau. Si évident au demeurant qu’il n’avait jamais été traité de manière transversale. Ce thème, moins futile qu’il n’y paraît, constitue de fait un fil rouge qui permet d’aborder toutes les cultures. La patrie de Monet accueille ainsi sur ses cimaises des œuvres égyptiennes, asiatiques, mais aussi islamiques, ainsi que des créations contemporaines d’une grande pertinence. Difficile, par exemple, de ne pas succomber au charme de l’époustouflante installation réalisée en aigrettes de pissenlits par les Néerlandais du Studio Drift. Car c’est l’une des réussites de ce projet : toutes les pièces font sens. Contrairement à ce que l’on observe fréquemment dans les parcours thématiques, ici point de saupoudrage ni d’impression de fourre-tout. Chacune des œuvres de la centaine réunie permet de dérouler un fil artistique, mythologique, religieux et même politique. Mais ne vous y trompez pas : si le parcours fait réfléchir et apprendre beaucoup de choses, il ne se cantonne pas à une approche cérébrale. On peut aussi tout simplement butiner et s’émerveiller face à ces chefs-d’œuvre universels. Le mur réunissant les bouquets réalisés par la crème des impressionnistes constitue ainsi un grand moment de peinture ! « C’est une exposition qui fait du bien. » C’est en ces termes que Cyrille Sciama, le directeur du musée, résumait l’ambition de son nouveau projet. Promesse tenue !
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On aime beaucoup, passionnément, à la folie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°769 du 1 novembre 2023, avec le titre suivant : On aime beaucoup, passionnément, à la folie