BORDEAUX
Le musée des Abattoirs se forge une très belle mentalité avec l’exposition des œuvres contemporaines acquises dernièrement selon la ligne de conduite du mental.
Dans cet esprit, se croisent aussi bien la fiction que le mythe, le rêve que le fantasme. Alors qu’une armature thématique dans une politique d’acquisition peut parfois laisser craindre une certaine propension à la redite et à l’homogénéisation des œuvres, l’exposition « Absolumental » contourne avec brio cet écueil.
L’exposition emmène efficacement les pensées tantôt vers le narratif, souvent vers l’allusif. Il faut déjà passer une porte imaginaire gardée par deux lions chinois redessinés par Stéphane Calais pour accéder à la grande nef dont l’espace est ponctué de cerveaux. Un encéphale en papier mâché monstrueux et faisant des bulles signé du Britannique John Isaacs côtoie un casque de Mobylette-cervelet en céramique vernissée de Bruno Peinado et un crâne de Mounir Fatmi.
La vidéo Percussion graphique du jeune Yazid Oulab imprime un rythme lancinant avec sa psalmodie soufie accordée à l’image d’un dessin automatique et hypnotique. Comme une douleur pulsatile à la limite du supportable, son rythme accompagne la visite dans les méandres des esprits hors normes des artistes jusqu’à la descente vers le sous-sol, apothéose obscure et crispante à la David Lynch.
Les fourmis de Peter Kogler envahissent les parois tandis que Christophe Draeger rejoue Le Radeau de la macumba, délire vidéo vaudou tourné au Brésil, et que Delphine Gigoux-Martin actionne une neige artificielle tous les quarts d’heure sur des pattes de cheval empaillées. En remontant par les alcôves du musée, le cauchemar continue devant le salon baveux de Grout et Mazéas dont le mobilier scotché au plafond bave en continu et compose une hallucination effrayante à la Alien. Ah ! quand l’irrationnel flirte avec les lois de la physique.
« Absolumental » s’est choisi pour épilogue la projection de quatre films de Guillaume Pinard. Ils ne font pas encore partie de la collection du musée mais ils seraient parfaitement en osmose avec ses camarades de jeu. Notamment le tout dernier opus, Provisional End, pérégrinations fantasques en dessin animé d’un héron et d’une mouche. Les artistes ne sont décidément pas des hommes comme les autres et la visite de leur cortex n’est pas un long fleuve tranquille !
« Absolumental », musée des Abattoirs, 76, allée Charles-de-Fitte, Toulouse (31), tél. 05 62 48 58 00, www.lesabattoirs.org, jusqu’au 19 février 2007.
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Absolumental... Esprit, es-tu là ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°587 du 1 janvier 2007, avec le titre suivant : Absolumental... Esprit, es-tu là ?