PARIS [13.12.17] - Critique d'art, journaliste et universitaire, Elisabeth Lebovici a été récompensée pour son essai Ce que le sida m'a fait – Art et activisme à la fin du XXe siècle. Il était en concurrence avec cinq autres titres.
Historienne et critique d'art, ex-journaliste à Libération, Elisabeth Lebovici, elle-même activiste queer, se penche dans son dernier ouvrage sur les années "sida". Comparant les formes d'activisme en France et outre-Atlantique, elle en fait ressortir les particularismes, avec acuité et sensibilité. Utilisant un "je" collectif, elle fait part des expressions artistiques nouvelles à l'époque où le slogan d'Act-Up, "Silence = Death" est brandi lors des happenings et manifestations. Alors que la mort rôde, l'art prend le relais. Il manifeste une vitalité nécessaire, essentielle. L'activisme déborde et revêt une dimension artistique inédite.
On connaît les œuvres engagées de Keith Haring en faveur d'Act-Up, mais peut-être moins l'accrochage de vulves de Zoe Leonard à la Documenta de Kassel de 1992. L'auteure fait ainsi revivre dans son essai d'autres figures marquantes des années 1980 et 1990 moins connues, telles que Philippe Thomas ou celles du collectif canadien General Idea, œuvrant toutes dans la lutte contre cette maladie mortelle et stigmatisante.
Ce que le sida m'a fait était retenu cette année aux côtés de cinq autres titres : Gabriële d'Anne et Claire Berest, biographie littéraire autour de l'arrière-grand-mère des auteures, compagne de Francis Picabia, Figures pissantes, 1280-2014, de Jean-Claude Lebensztejn, Le Temps sacré des cavernes : De Chauvet à Lascaux, les hypothèses de la science, de Gwenn Rigal aux éditions José Corti, une imposante monographie de Robert Storr consacrée à la sculptrice Louise Bourgeois, Louise Bourgeois, Géométries intimes parue aux éditions Hazan et L'Univers sans l'Homme de Thomas Schlesser, ouvrage également publié par Hazan.
Le livre d'Elisabeth Lebovici a quant à lui été publié par l'éditeur JRP|Ringier, en collaboration avec La maison rouge – Fondation Antoine de Galbert. Le jury "a particulièrement apprécié la qualité de la recherche historique menée par l'auteure" de Ce que le sida m'a fait, saluant la mise en lumière de "parcours et disciplines insuffisamment étudiées jusque-là" que l'ouvrage permet.
Le prix a été remis à son auteure au Musée Picasso le lundi 11 décembre, des mains de François Pinault. À cette occasion, Elisabeth Lebovici a souligné dans son discours le peu de prix remis aux livres écrits par des femmes cet automne, que ce soit pour le Goncourt, le prix Renaudot ou le Grand Prix du roman de l'Académie française, tous décernés à des auteurs de sexe masculin. Au vu des récentes polémiques sur le sujet et de l'interdiction par le Premier ministre de l'utiliser dans les textes officiels, elle ironise : "Vous savez que vous récompensez un livre écrit en écriture inclusive ?", "péril mortel" selon l'Académie.
Le Prix Pierre Daix a été créé en 2015 par le collectionneur François Pinault en l'honneur de son ami journaliste. Il vise à récompenser un ouvrage portant sur l'histoire de l'art moderne et contemporain. En 2016, Maurice Fréchuret avait été le lauréat du prix pour son ouvrage Effacer. Paradoxe d'un geste artistique paru aux Presses du réel.
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La critique d'art Elisabeth Lebovici lauréate du prix Pierre Daix
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Abonnez-vous dès 1 €Elisabeth Lebovici © Henry Roy