Festival - Photographie

François Hébel : « Déplacer le Mois de la Photo en avril est à relier au Grand Paris »

Par Christine Coste · lejournaldesarts.fr

Le 13 octobre 2016 - 1194 mots

PARIS

PARIS [13.10.16] - Depuis sa création en 1980 le Mois de la Photo se déroulait en novembre une fois tous les deux ans. Changement de date, ouverture au Grand Paris et sélection plus resserrée gouvernent désormais sa destinée. François Hébel, directeur artistique de la 19e édition, et artisan de cette évolution, en explique les raisons en exclusivité pour Le Journal des Arts.

François Hébel
François Hébel
Photo D.R.
© Fondation Henri Cartier-Bresson

Placée sous la direction artistique de François Hébel, ancien directeur des Rencontres d’Arles, la 19e édition du Mois de la Photo se déroulera en avril 2017 et non en novembre 2016. Elle s’ouvre également au Grand Paris avec une labellisation resserrée d’expositions. Trois changements majeurs adoubés par Jean-Luc Monterosso, son président et créateur, et par la mairie de Paris. François Hébel en explique les raisons.

Pourquoi avoir déplacé la dix-neuvième édition du Mois de la Photo de novembre à avril 2017 ?
Il faut raconter les choses dans l’ordre. Lorsqu’en juillet 2014 Jean-Luc Monterosso m’a proposé d’être le prochain directeur artistique du Mois de la Photo 2016 je réalisais ma dernière édition à la tête des Rencontres d’Arles. J’ai été très heureux de cette invitation car ce qui m’intéressait était de repositionner le festival face à ses nouveaux enjeux. Quand Jean-Luc Monterosso l’a initié en 1980 il s’agissait de donner une visibilité à un médium qui n’en avait pas. Progressivement le Mois de la Photo a rempli cette fonction. Sur ce, s’est créé Paris Photo en 1997 qui a pris le mois de novembre afin de se caler avec Le Mois de la Photo. La foire a le succès que l’on connaît. D’autres festivals Offprint, Foto Fever, What’s up Photo Doc…, se sont développés. Paris Photo est devenu un phénomène magnétique qui fait que l’on ne décolle plus du centre de Paris. Entre temps la Maison Européenne de la Photo a ouvert et a absorbé les budgets de production du Mois de la Photo. Il fallait donc repositionner la manifestation.

Pour devenir un festival de labellisation d’expositions où le meilleur et le pire se côtoie ?
Je vous laisse juge de cette appréciation. Ce qui est certain c’est que Jean-Luc Monterosso jugeait urgent le repositionnement de la manifestation et qu’il s’est montré immédiatement favorable à ma proposition d’incorporer le Grand Paris dans la programmation. L’idée est d’élargir le territoire. Le Grand Paris n’est pas le sujet. Il n’y a pas de thème dans cette édition. L’enjeu est : « j’habite Orsay, vous me proposez une exposition à Montreuil, au Bourget ou à Issy-les-Moulineaux qu’est-ce qui fait que je me déplace ? » La qualité des propositions ! Neuf millions de personnes vivent en dehors de Paris c’est à eux que je m’adresse autant qu’aux deux millions qui habitent Paris. Ce qui m’intéresse c’est que le Mois de la Photo soit aussi le prétexte à découvrir les villes où l’on se rend. Et quand on me demande s’il y aura des transports, des navettes je prends le cas de la Fondation Cartier quand elle était à Jouy-en-Josas. Personne ne se demandait comment y aller. On y allait un point c’est tout.

Pourtant par le passé des institutions comme La Maison Doisneau à Gentilly, le Cpif à Pontault-Combault ou le Musée français de la photographie à Bièvre, qui souhaitaient participer au Mois de la Photo, ont essuyé des refus.
Oui c’est ce qu’on m’a dit. Au printemps 2016 j’ai fixé un certain nombre de réunions en petit comité pour motiver tout le monde, centres d’art, associations…. Pour l’instant vingt-cinq propositions ont été retenues pour le Grand Paris et 25 autres à Paris. Je ne veux pas encore dévoiler la programmation.

Mais pourquoi avoir déprogrammé le mois de la photo à avril 2017 ?
Le choix de programmer le Mois de la Photo en avril est à relier à cette ouverture au Grand Paris. Novembre n’est pas un mois propice à circuler. D’autre part la photo se concentre désormais au centre de Paris. On ne va pas à Clichy-sous-Bois, à Bobigny ou à Nanterre alors qu’on est au salon Paris Photo. On a pesé le pour et le contre avant de quitter cette période de novembre. Le contre c’est que l’on perd un certain nombre de visiteurs internationaux qui viennent pour Paris Photo. Mais il s’agit avant tout de personnes liées au milieu de la photo. Or le Mois de la Photo ne s’adresse pas au milieu mais avant tout au grand public. Après s’est posé la question de la date. Le mois d’avril nous a semblé meilleur que mai qui est jalonné de ponts ou juin qui nous aurait privés des étudiants. On en a parlé à Bruno Julliard et Anne Hidalgo qui ont dit oui immédiatement. Au conseil régional, aux conseils départementaux, à la métropole du Grand Paris et au Grand Paris Express : tout le monde s’est dit partant sans toutefois donner de l’argent !

Justement, quel est le budget du Mois de la Photo ?
Le budget de communication, alloué par la MEP, est de 250 000 euros incluant les 20 000 euros versés par la région. Il comprend les affiches, les dépliants, les catalogues, la rémunération de mon assistante, de la stagiaire et mes honoraires de 15 000 euros.

C’est-à-dire sans production ?
Non pas avec ce budget. Si je trouve de l’argent c’est pour un projet complémentaire dont je ne veux pas encore parler mais qui n’est pas un projet d’exposition.

Pourtant des festivals comme ImageSingulières à Sète ou comme les Photaumnales à Beauvais disposent de budgets bien inférieurs et produisent avec respectivement en 2016 des budgets de 125 000 € et de 127 000 €.
Je ne connais pas la structure de leur budget, je ne peux comparer que ce qui est comparable.

Le budget peut-il évoluer, intégrer des partenaires financiers ?
D’abord je ne suis en charge que d’une édition du Mois de la Photo. Je ne suis pas permanent à la MEP. Trouver de l’argent induit de soulever des montagnes. Je ne peux pas le faire sur le court terme. Engager, produire des expositions se décide bien en amont.

Ne serait-ce pas intéressant pour cette biennale de reconstituer un budget d’aide à la production comme ce fut le cas au début ?
Bien évidemment mais ce n’est pas quelque chose que l’on monte en un an de travail. Surtout quand on sait que l’on part le lendemain.

On parle de vous comme le successeur de Jean-Luc Monterosso après son départ de la MEP en 2018. Est-ce exact ?
Absolument pas. Il n’y a pas eu d’appel à candidature pour l’instant. Mais ce n’est pas impossible que j’y participe. Il faudra voir dans quel cadre cet appel se fera et examiner le dossier. Je serai très content de disposer à nouveau d’un outil et d’une équipe. Pour l’instant je suis sur la programmation du Mois de la Photo et je prépare la troisième édition de Foto Industria Bologna programmée en 2017. Je suis aussi chargé par la French Institute Alliance Française de deux expositions par an de photographes français, organisées dans sa galerie à New York. La Fondation Henri Cartier-Bresson m’a par ailleurs sollicité en tant que consultant dans la perspective de son installation dans le Marais.

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