Disparition

Disparition de l’architecte et théoricien Yona Friedman 

Par Jinane Dolbec · lejournaldesarts.fr

Le 24 février 2020 - 376 mots

PARIS

L’architecte français d’origine hongroise a théorisé le concept d’architecture mobile qu’il a parfois mis en pratique. 

Yona Friedman, Pasadena, 2016 - Photo Courtesy Marianne Friedman Polonsky / Fonds de Dotation Denise et Yona Friedman
Yona Friedman, Pasadena, 2016
Courtesy Marianne Friedman Polonsky / Fonds de Dotation Denise et Yona Friedman

L’architecte, théoricien et sociologue Yona Friedman est décédé le 21 février dernier à Paris. Né en 1923 à Budapest (Hongrie), il commence des études d’architecture à l'Institut de technologie de Budapest en 1943. Il doit les abandonner car, étant juif, il ne peut assister aux cours qu’en auditeur libre.

Pendant l’occupation allemande, il s’engage dans la Résistance, mais il est arrêté en 1944 après avoir été dénoncé. Il se réfugie alors en Roumanie avec ses parents pendant un an, avant de rejoindre Haïfa, en Palestine mandataire, où il poursuit ses études jusqu’à son diplôme en 1948. 

Ses premières créations sont faites en Israël, mais il va régulièrement à Paris et s’y installe définitivement en 1957. Il est naturalisé quelques années plus tard.  

Au début de sa carrière, Yona Friedman expérimente une forme d’habitat qui répondrait au schéma de l’organisation sociale nouvelle de l’État naissant qu’est Israël. 

Par la suite, il travaille sur des mégapoles aériennes inspirées des structures spatiales en trames cubiques, afin de répondre au problème de la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale et à celui de l’explosion démographique.  Le concept de « Ville Continent », par exemple, correspond à un ruban urbain aéré, transparent, mince et continu, élevé au-dessus du sol à une hauteur de plus de dix étages, ce qui permet de libérer de l’espace pour les besoins de l’agriculture. 

Ses préoccupations en tant qu’architecte et penseur étaient donc à la fois la ville et ses habitants, mais aussi la lutte contre l’étalement urbain et le développement d’une pensée écologique. Il a publié de nombreux ouvrages, dont « Utopies réalisables » en 1976 et « L’architecture de survie » en 1978. 

Yona Friedman ne se présentait pas comme un utopiste. Ses idées reposaient sur des techniques concrètes et ont eu une influence pratique sur l’urbanisme. Certains de ses projets ont même été construits, comme le lycée Henri-Bergson à Angers. 

Il a participé à la Biennale de Venise en 2003 et en 2009, et a été exposé au CAPC de Bordeaux en 2008 et au Ludwig Museum for Contemporary Arts de Budapest en 2011. Il a également fait l’objet d’une rétrospective à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris en 2016. 
 

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