En matière d’acquisition d’œuvres d’art par l’institution, il en est certaines qui font beaucoup parler d’elles alors même que cela ne le mérite pas et il en est d’autres qui devraient bénéficier davantage de publicité parce qu’elles sont prospectivement bien plus intéressantes. Ainsi du fonds de l’architecte utopiste Yona Friedman, originaire de Budapest, né en 1923, installé à Paris en 1968, dont le Fonds national d’art contemporain s’est rendu acquéreur voilà trois ans.
Auteur du concept de « ville spatiale sur pilotis » permettant une mobilité de l’habitat par un jeu de pleins et de vides, Friedman l’est aussi de celui de « villes-ponts ». Parmi les tout premiers, il a développé notamment une réflexion sur les terrains de l’écologie, de l’habitat précaire et des énergies renouvelables. Au fil du temps, l’architecte a ainsi échafaudé tout un monde de projets qui ont pris les formes les plus imprévisibles. Des Space Chains de ses débuts (1945) aux « merzstructures », « feuilles froissées » et autres « gribouillis » des années 1980, le fonds Yona Friedman proclame le droit à l’utopie pour mieux penser l’avenir.
À mi-chemin entre architecture et sculpture, ses œuvres sont d’abord et avant tout manifestes d’un langage plastique que fondent les principes d’improvisation et d’irrégularité, intrinsèques à toute création selon l’architecte plasticien. Le monde de l’art contemporain, qui n’a pas toujours bonne mémoire et avait oublié son étonnante prestation au musée d’Art moderne de la Ville de Paris dans les années 1970, s’est depuis peu entiché de lui. À juste titre d’ailleurs, car il n’y a pas créateur plus libre que Yona Friedman, curieux de toutes les cultures, amoureux de tous les matériaux et ouvert à toutes les expériences.
Après la synagogue de Delme, c’est au tour de l’Espace de l’art concret à Mouans-Sartoux de l’accueillir. Rien de surprenant quand on sait que ce centre d’art est exclusivement tourné vers des problématiques construites. L’occasion n’est pas seulement de prendre la mesure du fonds Yona Friedman, elle est aussi celle de découvrir le dispositif spécial – dit « le musée sans portes » – que celui-ci a créé en 2008 pour sa présentation. Sorte de monde en soi qui inclut tous types de productions, plastiques et intellectuelles – maquettes, manuels, ouvrages, articles, dessins animés… – illustrant sa pensée architecte.
« Yona Friedman, des utopies réalisées », Espace de l’art concret, château, place Suzanne-de-Villeneuve, Mouans-Sartoux (06), tél. 04 92 98 14 32, www.espacedelartconcret.fr, jusqu’au 6 juin.
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Yona Friedman - L’utopiste concret
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Abonnez-vous dès 1 €YONA FRIEDMAN, Des Utopies Réalisées.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°623 du 1 avril 2010, avec le titre suivant : Yona Friedman - L’utopiste concret