L’artiste autrichien, dernier représentant de l’actionnisme viennois, s’est éteint samedi 10 février à l’âge de 85 ans.
Le décès de Günter Brus, survenu le samedi 10 février, a été confirmé par un porte-parole du musée viennois consacré à l’actionnisme, qui ouvrira ses portes au mois de mars. Surnommé l’« enfant terrible » de l’art contemporain, il était l’un des fondateurs et le dernier représentant de ce mouvement radical des années 1960, caractérisé par des performances artistiques extrêmes en réaction à la société autrichienne d’après-guerre.
« Günter Brus est certainement l’un des rares artistes autrichiens à avoir une telle envergure internationale. Il est impossible d’imaginer l’histoire de l’art sans lui » résume Roman Grabner, directeur d’un musée consacré à l’artiste à Graz. Né en 1938 dans la petite commune autrichienne d’Ardning, Günter Brus a suivi des études à l’école des Arts décoratifs de Graz puis intègre l’école des Arts appliqués de Vienne en 1960. Il commence alors à peindre sur son corps, concevant ce dernier comme un moyen artistique en tant que tel. Il fonde ainsi le mouvement de l’actionnisme viennois aux côtés des artistes Otto Muehl, Hermann Nitsch et Rudolf Schwarzkogler. En constante quête d’une forme de catharsis, ces actionnistes utilisent leurs corps pour dénoncer avec violence une société qu’ils estiment corrompue et dissimulant des crimes nazis jamais jugés.
Dans « Promenade à Vienne », une de ses actions les plus marquantes datant de 1965, Günter Brus déambule à pied dans le centre-ville de Vienne, revêtu d’un costume entièrement recouvert de peinture blanche traversé par une ligne noire en son milieu, avant d’être arrêté par la police. Ses performances sont empreintes de provocation et généralement marquées par la transgression des tabous. En 1968, lors de l’action collective Kunst und Revolution (Art et Révolution), il boit son urine, recouvre son corps de ses excréments et se masturbe tout en chantant l’hymne national autrichien. Sa radicalité, peu appréciée en son temps, lui vaut d’être condamné à six mois de prison, peine à laquelle il échappe en s’enfuyant à Berlin en 1969.
En 1970, il livre son ultime performance à Munich, au cours de laquelle il boit une nouvelle fois son urine avant de s’automutiler jusqu’au sang. Il se consacre ensuite entièrement au dessin et à la peinture, qu’il combine parfois avec des écrits provocateurs, formant ainsi des Bild-Dichtungen (tableaux-poèmes).
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Disparition de Günter Brus
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