Si la moitié des étudiants intègre une école d’art publique sans passer par les classes préparatoires, ces dernières restent recommandées pour accéder aux formations les plus cotées.
Il existe vingt-quatre prépas appartenant à l’Association nationale des prépas publiques aux écoles supérieures d’art (Appéa). Réparties sur tout le territoire, elles forment environ 660 élèves par an. Au programme : beaucoup de pratique artistique, mais aussi de l’histoire de l’art, de l’anglais, des ateliers d’écriture et d’expression orale, et l’apprentissage des outils numériques. Au-delà de ces matières, « la classe préparatoire permet d’être aidé à identifier son parcours, pour des études longues et très sélectives. Elle donne l’opportunité de s’affirmer, de vérifier une aptitude et une appétence. Elle permet aussi d’affiner le choix des écoles auxquelles se présentera l’étudiant », relève Stephen Touron, co-président de l’Appéa et directeur de l’École d’art du Calaisis. Et surtout, elle aide à préparer un concours où la personnalité, le projet et la motivation comptent autant que les aptitudes plastiques et la cohérence du book. Pour intégrer ces classes, il faut être titulaire du baccalauréat (une dérogation peut être accordée) et âgé de moins de 26 ans. Comme pour les concours d’entrée, les candidats doivent présenter un dossier artistique et passer un entretien. « Nous acceptons des dossiers qui ne sont pas parfaits. Nous cherchons avant tout un regard sur le monde, une envie, une façon d’être », confie Olivier Di Pizio, coordinateur des ateliers à École des beaux-arts de Paris et enseignant à Via Ferrata, la classe préparatoire de l’école. Il existe également des préparations privées à ces concours, dont certaines sont de grande qualité, mais les frais de scolarité y sont élevés (voir notre encadré). À l’arrivée, si les candidats issus de ces classes n’intègrent pas tous une prestigieuse école, leur taux moyen de réussite avoisine les 90 %.
Seize lycées en France proposent des préparations à ces écoles, publiques et gratuites – les Cpes-Caap, classes d’approfondissement aux arts plastiques. Le cadre y est plus scolaire que dans les classes de l’Appéa, et l’enseignement comporte plus de contenu théorique. Cependant, plusieurs jours par semaine sont dévolus à des ateliers. Il est également possible d’intégrer une école d’arts appliqués après une prépa pour une école d’arts ou de design : environ 10 % des étudiants de ces classes intègrent finalement une école d’arts appliqués. De même, les Ateliers des beaux-arts de la Ville de Paris proposent, outre la section arts plastiques, une section architecture et une section image. Bon à savoir également, l’École supérieure d’art Pays basque, qui fait partie de l’Appéa, propose une préparation spécifique pour les écoles d’arts appliqués. « Cette classe répond à un réel besoin. Quand les jeunes sortent du lycée, ils ne savent pas encore comment s’orienter. Nous les préparons aussi bien aux écoles d’art option design, qu’aux écoles d’arts appliqués ou encore d’architecture », explique Frédéric Duprat, son directeur adjoint. Pour être admis dans ces lycées, les étudiants doivent passer une épreuve écrite de culture générale pour rendre compte de leurs capacités rédactionnelles et de leurs références artistiques, ainsi qu’une épreuve plastique, qu’il leur faudra défendre devant un jury. « Si on n’est pas bon dessinateur, on peut compenser par une bonne idée », rassure Frédéric Duprat. Enfin, pour les étudiants qui en ont les moyens, un certain nombre d’écoles privées comportent des préparations aux écoles d’arts appliqués. Mais attention, ces établissements sont de qualité variable.
Quant aux amoureux d’histoire de l’art, ils peuvent théoriquement tenter le concours de l’École du Louvre, directement après le bac. « Nous ne demandons pas aux candidats de connaissances pointues – ils les acquerront pendant leur cursus à l’École du Louvre –, mais une bonne culture générale », indique Bertrand Meyrat, chef de la communication de l’école. Une pré-sélection est opérée à partir des notes du bac de français. Les élèves retenus passent des épreuves écrites destinées à vérifier leurs capacités pour se situer dans le temps et l’espace, leur esprit d’analyse, et leur niveau d’expression écrite. Là encore, la sélection est rude. L’an dernier, 937 candidats ont passé l’écrit. Sur les 300 reçus, 184 étaient tout juste bacheliers, 53 venaient d’une classe préparatoire, et 46 de l’université.
publique ou privée?
Moins sélectives à l’entrée que les prépas publiques, les prépas privées sont beaucoup plus onéreuses – parfois plus de 13 000 euros, contre 750 euros en moyenne pour une année dans le public. Par ailleurs, l’enseignement délivré dans le public est encadré par une charte agréée par le ministère de la Culture, alors que celui du privé est libre. Bien se renseigner sur la qualité de l’école est donc indispensable. Enfin, les prépas publiques « favorisent la construction d’un cursus public, au sein d’un réseau d’interlocuteurs publics, constitué des différentes écoles d’art, mais aussi des centres d’art, par exemple », souligne Stephen Touron. Si certains établissements privés, tels que Penninghen, les Ateliers de Sèvres ou Prép’art affichent de très bons taux de réussite aux concours, beaucoup de prépas privées sont intégrées à des écoles et constituent en réalité la première année du cursus au sein de l’établissement, bien plus qu’une préparation aux concours nationaux.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°771 du 1 janvier 2024, avec le titre suivant : Faut-il faire une classe prépa ?