AMSTERDAM / PAYS-BAS
Un tableau de Pablo Picasso estimé à 25 millions d'euros, volé il y a 20 ans sur un yacht dans le sud de la France, a refait surface aux Pays-Bas grâce aux recherches d'un expert d'art néerlandais.
Portrait de Dora Maar, toile de 1938, est également connu sous le nom de Buste de Femme (Dora Maar). Il représente l'une des amantes et des muses du célèbre peintre espagnol (1881-1973). Le tableau, qui faisait partie de la collection privée de Picasso jusqu'à sa mort, avait été dérobé en 1999 sur le yacht d'un cheik saoudien amarré dans le port d'Antibes, près de Cannes.
Après deux décennies de recherches infructueuses, les observateurs et les collectionneurs d'art pensaient ne plus jamais revoir ce chef-d'oeuvre resté introuvable. Jusqu'à ce que l'expert d'art néerlandais Arthur Brand, surnommé l'"Indiana Jones du monde de l'art" pour ses exploits d'enquêteur, mette la main dessus au terme d'une enquête de quatre ans. Cette huile sur toile a été remise mi-mars à une compagnie d'assurances souhaitant rester anonyme, a-t-il déclaré à l'AFP.
"Enveloppé dans un drap"
M. Brand apprenait en 2015 qu'un "Picasso volé sur un bateau" était utilisé comme monnaie d'échange dans des transactions illicites aux Pays-Bas. "A ce stade, j'ignorais encore de quel tableau il s'agissait", explique-t-il. Mi-mars, deux hommes travaillant pour un homme d'affaires néerlandais ont frappé au beau milieu de la nuit à sa porte à Amsterdam, le portrait sous le bras. "Ils avaient le Picasso, estimé à 25 millions d'euros, enveloppé dans un drap et des sacs poubelles noirs", raconte M. Brand. L'homme d'affaires "était affligé" car il ignorait qu'il avait un tableau volé en sa possession, indique l'expert, qui a aussitôt informé les polices néerlandaise et française.
Arthur Brand a acquis une renommée mondiale en 2015 après avoir retrouvé en Allemagne les deux chevaux de bronze réalisés par Josef Thorak, l'un des sculpteurs officiels du IIIe Reich, qui ornaient l'entrée de la Chancellerie d'Hitler à Berlin, et qui avaient disparu après la chute du Mur. En novembre, après une chasse au trésor de plusieurs années, il a permis aux autorités chypriotes de récupérer une mosaïque byzantine exceptionnelle, fragment d'une des fresques volées dans des églises de Chypre après l'invasion turque en 1974. Drogue et vente d'armes
Le vol du Picasso, estimé à environ sept millions de dollars à l'époque, avait encouragé les propriétaires richissimes des yachts amarrés sur la côte d'Azur à revoir les systèmes de sécurité sur leurs bateaux. Après le cambriolage en 1999, les recherches de la police française étaient restées infructueuses. Les enquêteurs avaient fini par clore le dossier.
Le tableau est ensuite passé de main en main dans l'économie souterraine, "souvent utilisé comme garantie, apparaissant dans des trafics de drogue et des ventes d'armes", explique M. Brand. "Depuis le vol, la peinture a dû avoir changé de propriétaire une dizaine de fois", observe-t-il. Il fallait rapidement mettre la main dessus, car le tableau était "probablement en très mauvais état".
Après l'avoir déballé, le passionné d'art n'a pu s'empêcher d'accrocher le Picasso chez lui, faisant de son appartement "l'un des plus chers d'Amsterdam" le temps d'une nuit. Le lendemain, un spécialiste de Picasso de la galerie Pace à New York s'est rendu à Amsterdam pour vérifier l'authenticité de l'oeuvre, en présence de Dick Ellis, détective britannique à la retraite et fondateur de l'unité d'art et d'antiquités de Scotland Yard. M. Ellis est connu pour avoir retrouvé la trace de plusieurs oeuvres volées, dont Le Cri d'Edvard Munch, dérobé à la Galerie nationale d'Oslo en Norvège en 1994. "Il ne fait aucun doute qu'il s'agit du Picasso volé", a déclaré à l'AFP M. Ellis, qui dirige désormais une société de conseil basée à Londres. Il était à Amsterdam pour représenter la compagnie d'assurance désormais en possession du Buste de Femme.
Cet article a été publié par l'AFP le 26 mars 2019.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un Picasso volé en France il y a 20 ans refait surface aux Pays-Bas
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €