BURGOS / ESPAGNE
Les sculptures volées en 2004 dans une église du VIIe siècle ont retrouvé leur place au terme d’une enquête rocambolesque.
L’église Santa Maria de Lara, dans la province de Burgos (Espagne), a longtemps servi d’étable, avant d’être redécouverte puis classée en 1929. Cet édifice est l’un des rares témoins du premier art roman qui a fleuri en Espagne sous la domination wisigothique, et les bas-reliefs qui s’y trouvent sont d’une valeur inestimable. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’un détective privé a retrouvé deux d’entre eux dans le jardin d’un aristocrate anglais.
Dérobées en 2004, ces deux sculptures ont demandé huit années d’enquête à Arthur Brand, un privé spécialisé dans la traque des objets d’art. Un renseignement anonyme reçu en 2010 lui indique que deux objets suspects sont vendus comme décoration de jardin, accélérant ainsi ses recherches. Brand reconstitue peu à peu le parcours des deux bas-reliefs : les voleurs se rendant compte que la valeur des objets ne leur permet pas de les vendre en tant que tel sans attirer l’attention, ils décident donc de les vendre à un marchand français en tant qu’ornement, en tirant 50 000 Livres chacun. De la France, les œuvres atterrissent dans le jardin d’une famille de la noblesse britannique, qui ignorait tout de leur provenance.
Le choc est tel pour les propriétaires « qu’ils voulaient jeter les sculptures dans la rivière pour les faire disparaître à jamais », rapporte Brand. Les bas-reliefs qui étaient couverts de boue et de feuilles, ont été remis lundi 21 janvier 2018 à l’ambassade d’Espagne de Londres. « Les voleurs voulaient tirer des millions de ces pièces, résume Brand, mais lorsqu’ils ont compris qu’ils avaient volé une partie du patrimoine mondial impossible à revendre, ils ont décidé de le vendre comme ornement pour gagner un peu d’argent ».
Le limier n’en est pas à son coup d’essai : il avait permis le retour d’un Dali dans un musée néerlandais, et d’une mosaïque chypriote vieille de 1600 ans, qu’il avait là aussi retrouvée chez une famille britannique inconsciente de sa valeur.
Les deux artefacts vont pouvoir retourner dans leur environnement, une chapelle wisigothique sobre, en pierre de taille, ornée d’autres bas-reliefs marquant diverses influences : païennes, romaines, mozarabes, chrétiennes. Ce retour était attendu par des scientifiques qui aimerait faire de ces objets le juge de paix de leur débat : pour David Addison de l’université d’Oxford, ils sont une « preuve essentielle » pour déterminer la datation de l’édifice, qui oscillerait entre le VIIe et le Xe siècle.
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Un détective retrouve deux bas-reliefs inestimables au fond d’un jardin
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