Polytechnicien et ingénieur des mines, Thomas Grenon a dirigé la Cité des sciences et de l’industrie (2003-2005) avant d’être nommé administrateur général de la Réunion des musées nationaux. En décembre 2010, il avait quitté la RMN pour prendre la direction du Muséum.
Le 27 novembre ont été dévoilées les métamorphoses de la galerie de Botanique. En avril 2014, ce sera au tour du parc zoologique de Paris et de la galerie de Minéralogie puis, en 2015, du Musée de l’homme. Que peuvent espérer le Muséum et ses équipes scientifiques de ces rénovations ?
Thomas Grenon : Le but de la maison est toujours le même : mieux connaître la nature pour mieux la préserver. Les collections du Muséum et la recherche sont sa grande force. L’Herbier est le plus beau du monde, sa numérisation – une première mondiale – va le rendre accessible. Dès mon arrivée, j’ai souhaité que l’on en fasse un outil de diffusion des connaissances, un aspect qui n’avait pas été pris en compte dans le projet de rénovation de la galerie de Botanique. Or c’est une des vocations premières du Muséum.
Ces différents chantiers n’ont-ils pas oublié la rénovation des locaux vétustes de la galerie de Paléontologie et d’Anatomie ?
Sa rénovation, priorité absolue à mes yeux, interviendra quand nous aurons rouvert le Musée de l’homme en 2015. Des études techniques et de programmation sont en cours, mais pour des questions de moyens financiers et humains, on ne peut pas mener plusieurs chantiers en même temps. Lorsque j’ai pris la direction du Muséum, j’ai relancé le chantier du Musée de l’homme qui s’avérait n’être pas financé ; son programme scientifique était en panne et son projet architectural n’avait ni queue ni tête. La rénovation du zoo, lancée sur le principe, n’avait de son côté fait l’objet d’aucun contrat et le programme scientifique demandait à être validé.
Pour financer ces chantiers, le Muséum a vendu deux immeubles du legs Petitgilet pour la somme de 39 millions d’euros. Aurez-vous les ressources financières suffisantes pour faire fonctionner l’ensemble de ces structures ?
Oui, car nous sommes très largement autofinancés. Ces projets seront même pourvoyeurs de recettes.
La restauration du parc zoologique de Paris a été financée par un partenariat public-privé dont le coût (167 millions d’euros) a été en grande partie assumé par Bouygues, 30 millions d’euros étant investis par l’État. L’ouverture du zoo en 2014 correspond au début du remboursement des redevances dues à Bouygues. Ces remboursements ne risquent-ils pas de siphonner financièrement le Muséum ?
Non, si les visiteurs sont au rendez-vous de nos prévisions qui me semblent atteignables : deux millions à l’ouverture, puis 1,5 million en moyenne. Certes, il faudra leur donner envie de revenir. C’est pourquoi nous avons lancé en novembre dernier une opération de parrainage des animaux afin de créer des liens.
Le Musée de l’homme ouvrira en 2015 amputé des trois quarts de ses collections absorbées par le Musée du quai Branly. Ce musée a-t-il encore raison d’être ?
Certainement. Historiquement très forte, cette institution a créé un concept original à l’époque : être un musée laboratoire. Il le demeure avec ses cent quarante chercheurs et ses collections de paléontologie. Dans la prolongation du Muséum, nous voulons en faire un centre de l’évolution humaine organisé en trois parties liées à trois questions : « qui sommes-nous ? », « d’où venons-nous ?» et « où allons-nous ? »
Votre mandat s’achève en décembre 2014. La réforme des statuts prévoit de porter à la tête de l’établissement un scientifique. Début 2015 peut-on imaginer un scientifique à la tête du Muséum ?
Normalement oui. Après, qu’est-ce qu’un scientifique ? Il faudra le demander au gouvernement. Ce dernier m’a confié fin juillet la mission d’animer la concertation au sein du Muséum. Elle est en cours.
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Thomas Grenon, quel avenir pour le muséum ?
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Thomas Grenon - © MNHN/J.-C. Domenech
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°664 du 1 janvier 2014, avec le titre suivant : Thomas Grenon, quel avenir pour le muséum ?