ITALIE
Une circulation contrôlée du virus et des raisons économiques expliquent la réouverture des musées mais aussi des restaurants.
Pour le Caravage, Botticelli ou Raphaël c’est l’heure du déconfinement. Les italiens peuvent de nouveau les admirer dans les musées de la péninsule qui étaient fermés depuis près de trois mois. Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale les lieux culturels n’avaient été fermés aussi longtemps.
Leur réouverture est permise depuis mi-janvier dans les « zones jaunes » d'après le code couleur qui régit les ouvertures de lieux publics selon la situation épidémiologique, c’est-à-dire avec un taux de reproduction du virus inférieur à 1. C’est le cas depuis le 1e février de 16 des 21 régions de la péninsule dans lesquelles les bars et restaurants peuvent accueillir des clients jusqu’à 18h et les musées du public du lundi au vendredi. Les théâtres et les cinémas restent en revanche fermés.
Si le couvre-feu de 22 heures à 5 heures du matin est maintenu dans l'ensemble du pays, tout comme l'interdiction de voyages inter-régionaux, les autres mesures de restrictions sont allégées.
L’Italie desserre donc l’étau face au Covid à contre-courant de ses voisins, même si le virus, qui a causé déjà près de 90 000 victimes, provoque toujours environ 500 décès quotidiennement. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a pourtant averti qu’il est « trop tôt pour assouplir » les restrictions en raison de la circulation « encore très élevée » du virus.
L’ancien président du conseil Giuseppe Conte avait toujours promis de préserver à la fois la santé des italiens et l’économie de la péninsule. Une économie qui affronte une récession historique avec un effondrement de 8,9 % de son PIB. Alléger les mesures anti-Covid s’avérait indispensable pour lui donner une petite bouffée d’oxygène.
« Redonner de l’oxygène à la culture italienne » c’est exactement ce que demandait une pétition envoyée à l’issue du premier confinement au ministre Franceschini et signée notamment par de nombreux directeurs de musées qui s’alarmaient « des répercussions de la crise du coronavirus sur le vaste monde de la culture, lesquelles sont extrêmes et peuvent être fatales ».
Les opérateurs du secteur n’envisagent pas à moyen terme un retour à la situation pré-pandémie avec 70 % d’entre eux qui déclarent une perte de leur chiffre d’affaires en 2020 supérieure à 40 %. Les 9 milliards d’euros d’aides débloqués par l’Etat en toute urgence pour les soutenir se sont avérés indispensables mais insuffisants. La réouverture des musées était donc nécessaire. « Le Mibact est le plus important ministère économique italien » ne cesse de répéter le ministre de la culture Dario Franceschini qui a salué dans cette réouverture « un pas, un tout petit pas, vers une normalisation ».
La presse transalpine s’est félicitée quant à elle du « ritorno della Grande Bellezza » faisant écho au ministre de la santé. Tout en confirmant que « nous n’avons pas échappé au danger et qu’il faut encore faire preuve de la plus grande prudence, l’ancien ministre Roberto Speranza insiste sur le fait que les musées représentent les lieux symboliques de la civilisation du pays ». Des lieux dans lesquels les normes de sécurité sanitaire sont scrupuleusement respectées avec l’obligation de réserver les visites, réduisant fortement tout risque de contagion.
Leur réouverture constitue aussi un symbole de leur importance. C’est un droit à faire valoir, rappelle l’ICOM. Le Conseil international des musées avait adressé une lettre au gouvernement italien dans laquelle elle l’invitait à « ne pas sous-évaluer la contribution importante des musées, service public essentiel, pour le bien-être de la société et la qualité de la vie des citoyens qui en ont plus que jamais besoin en cette période de pandémie ».
Face à l’afflux de réservations pour se rendre dans les musées, l’ICOM demande désormais leur ouverture également le week-end. Les chiffres restent néanmoins loin de la situation pré-covid. Les Offices de Florence ont accueilli 767 visiteurs le premier jour de leur réouverture et 1 167 le second contre une moyenne quotidienne de 12 000 personnes avant la pandémie. Alberto Garlandi, nommé président de l’ICOM en juin dernier, souhaite surtout que soit également ouvert un débat sur l’avenir des musées une fois que la crise sanitaire sera surmontée. Le tout numérique n’est pas la solution. « Pour survivre ils devront repenser leur rôle dans la société, explique-t-il, en se réadaptant à leur nouveau public, celui des communautés locales. »
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Pourquoi l’Italie rouvre ses musées
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