ROME / ITALIE
Dario Franceschini vient d’adopter un décret qui prévoit la création de nouvelles surintendances et directions générales au sein de son administration.
Plus que de la culture, le Mibact est le ministère du mouvement perpétuel. Celui généré au sein d’un système qui peut durer indéfiniment sans le transformer de manière irréversible. Les ministres préfèrent en effet le « réorganiser ». Dario Franceschini a présenté ce mardi un énième règlement pour l’organisation de l’administration qu’il dirige de nouveau depuis son retour il y a cent jours au poste qu’il occupait de 2014 à 2018. Pour la presse italienne, « c’est la contre-réforme de la contre-réforme » de son prédécesseur Alberto Bonisoli, qui avait pris pour cible la réforme de 2014. Une confusion que les membres du Mibact sont les premiers à dénoncer. Dario Franceschini assure qu’il s’agit d’introduire plus de clarté en refermant la parenthèse ouverte par le gouvernement populiste de la coalition entre le M5S et la Ligue au pouvoir pendant un peu plus d’un an.
La gratuité des musées chaque premier dimanche du mois, annulée par Alberto Bonisoli, avait déjà été rétablie. C’est maintenant au tour de l’autonomie, perdue l’été dernier, que retrouvent le Musée national étrusque de la Villa Giulia, le parc archéologique de l’Appia Antica à Rome ainsi que la Galleria dell’Accademia de Florence. Une autonomie gagnée par sept autres musées : le Vittoriano et le Palazzo Venezia à Rome, la Pinacothèque nationale de Bologne, le Musée archéologique national des Abruzzes, le Musée archéologique de Cagliari, le palais royal de Naples, le Musée national de Matera et le parc archéologique de Sibari. « Pour les diriger nous choisirons les meilleurs via un concours international, a déclaré Dario Franceschini. Qu’ils soient italiens ou non est un fait secondaire. »
La grande nouveauté du décret concerne surtout l’organisation d’un ministère qui retrouve son « t » dans l’intitulé (Mibact, ministère des Biens et Activités culturels et du Tourisme) avec le retour en son sein de la direction générale du tourisme dont le ministère avait été privé par le précédent gouvernement. Il gagne en outre dix surintendances (l’équivalent des directions régionales des Affaires culturelles en France) : six pour l’Archéologie, les Beaux-Arts et le Paysage, ce pour une « meilleure couverture du territoire » ; trois surintendances consacrées aux archives et la création d’une surintendance pour le patrimoine sous-marin. Cette dernière sera basée à Tarente dans les Pouilles avec deux antennes à Venise et Naples.
Toujours au chapitre des créations, sera instituée une « direction générale pour la sécurité du patrimoine ». Sa mission sera de coordonner les premières décisions opérationnelles et l’envoi des équipes sur le terrain pour faire face aux catastrophes naturelles comme les tremblements de terre et les inondations, mais aussi d’étudier les travaux de reconstruction. « À chaque événement dramatique, on nous demande souvent qui doit agir et comment. La direction générale saura immédiatement quoi faire », a expliqué Dario Franceschini, qui plaide pour l’instauration de « casques bleus européens de la culture ». Il entérine en outre une idée émise par Alberto Bonisoli avec l’instauration d’une « direction générale pour la créativité contemporaine » qui s’occupera en particulier de photographie, d’architecture industrielle, de design et de mode, mais surtout de (re)valorisation des périphéries urbaines. Une « digital library » (bibliothèque numérique) sera enfin mise sur pied pour rattraper le retard en matière de numérisation. « Nous mettrons en ligne le patrimoine infini de nos archives, bibliothèques, institutions… une opération unique au monde », s’est enthousiasmé Dario Franceschini.
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Le ministère italien de la Culture relance ses réformes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°535 du 13 décembre 2019, avec le titre suivant : Le ministère italien de la Culture relance ses réformes