Livre

Biographie

La vocation de Caravage

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 27 juin 2019 - 205 mots

« Vers 15 ans, j’ai rencontré l’objet de mon désir. » Ainsi s’ouvre le livre que Yannick Haenel consacre à Caravage, évoquant le visage de Judith décapitant Holopherne, découvert au hasard d’un livre.

Mais sans doute est-ce encore un autre tableau du maître, quelque vingt-cinq années plustard, qui fait prendre conscience à l’auteur de la force de son appel : La Vocation de saint Matthieu. « Moi ? », semble demander Matthieu au Christ qui l’appelle en tendant vers lui sa main. « À qui la vocation s’adresse-t-elle ? », interroge l’écrivain. À lui ? À Caravage ? Dans cette sublime biographie du peintre, l’écrivain ne cherche pas l’objectivité, même si le livre est fort documenté. Il décrit une quête, qui est aussi une recherche de relation : la sienne pour pénétrer la peinture de Caravage, et celle du peintre pour faire surgir la lumière des ténèbres, et approcher Dieu dont il a senti l’appel. Traversé d’un souffle puissant, le texte s’attarde peu sur les événements matériels de la vie du peintre criminel : ils ne sont évoqués que pour nous plonger dans sa peinture et mettre en lumière la fièvre mystique et picturale de l’artiste. Elle est contagieuse : nous voici embrasés, et prêts à sauter dans l’avion pour Rome.

Yannick Haenel,
La Solitude Caravage,
Fayard, 336 p., 20 €.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : La vocation de Caravage

Tous les articles dans Médias

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque