PARIS [03.11.14] – Le journaliste et écrivain Pierre Daix, ancien résistant et déporté, auteur de nombreux ouvrages sur l'art au XXe siècle et spécialiste de Pablo Picasso, est mort dimanche 2 novembre à l'âge de 92 ans. Plusieurs personnalités ont exprimé leur émotion.
Au lendemain de l’ouverture du nouveau Musée Picasso, l’écrivain, journaliste, confident de Picasso, Pierre Daix, s’est éteint à l’âge de 92 ans. De nombreuses personnalités ont rendu hommage à cet homme, témoin du XXe siècle.
François Hollande a salué « un homme libre », qui, « jusqu'à son dernier souffle, servit la création et l'art contemporain. Il fut l'homme de tous les engagements, dès lors qu'ils servaient l'Humanité », a-t-il souligné. La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a salué un « précieux passeur de savoir et de mémoire auprès du grand public […] un esthète et un homme engagé qui avait choisi le camp de la beauté et de la liberté ». Pour l’ancien ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, Pierre Daix était « un intellectuel, engagé et libre, un amoureux de l'art, un des grands témoins du XXe siècle ».
Pour sa part, François Pinault, qui visitait le 21 octobre dernier le Musée Picasso en compagnie de Pierre Daix, qui fût son biographe, en « recueillant devant chaque œuvre ses commentaires et ses souvenirs si intenses », a déclaré : « Je perds un ami cher, un compagnon de vie irremplaçable, un frère en humanité ». Il ajoute : « Pierre Daix vient de conclure sa longue, belle et exemplaire vie. Sans relâche, il aura recherché, jusque dans les ténèbres de la guerre et de la déportation, les chemins de la liberté. Souvent, il fut parmi les "combattants de l’impossible" qu’il évoquait dans son beau livre paru en 2013. Militant, résistant, écrivain, journaliste, Pierre Daix fut aussi un amoureux de la grande aventure de la création artistique de son siècle. De Picasso, son ami, il est ainsi devenu l’un des connaisseurs les plus avertis. »
Un témoin du XXe siècle
Né le 24 mai 1922 à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), Pierre Daix a étudié au lycée Henri-IV à Paris puis à la Faculté de lettres de Rennes et de Paris. Il adhère au Parti communiste français à l'âge de 17 ans, en 1939, puis rejoint la Résistance. Il est un survivant du camp de Mauthausen.
A la Libération, il devient chef de cabinet du ministre communiste Charles Tillon au ministère de l'Air, de l'Armement et de la Reconstruction, directeur adjoint des Editions sociales (1947), rédacteur en chef de la revue Les Lettres Françaises (1948-72), où il est le collaborateur de Louis Aragon. Il est ensuite directeur adjoint du quotidien communiste Ce Soir (1950-53). D'abord aveugle au régime dictatorial en Union Soviétique, il change de position dans les années 1960, choqué par la répression du Printemps de Prague. En 1971, il rompt avec le PCF, après une passe d'armes avec René Andrieu, rédacteur en chef de L'Humanité.
Entre 1980 et 1985, il est conseiller de la rédaction du journal de droite le Quotidien de Paris puis travaille pour le Figaro littéraire.
Il est l'auteur d'une cinquantaine de livres (biographies, essais, romans), dont une quinzaine de romans – La Dernière Forteresse (1950), Classe 42 (1951), La Rivière profonde (1958) ou L'Ombre de la forteresse (1990) -, et de plusieurs essais comme Les Hérétiques du PCF (1980), Aragon (1975) ou Bréviaire pour Mauthausen (prix François Mauriac 2005).
Un historien de l’art
Pierre Daix a découvert l’œuvre de Picasso dès 1935. Il en mesure l’importance face à Guernica, lors de l’Exposition internationale. L’historien d’art a travaillé avec l'artiste à partir des années 1960 à un catalogue raisonné de son œuvre de jeunesse puis a repris maintes fois sa biographie, participant à de grandes expositions internationales comme « Les Demoiselles d'Avignon » (Paris, 1988), « Picasso and Portraiture » (New York, 1995), « Picasso et les maîtres » (Paris, 2009). Pierre Daix a aussi écrit sur Manet, Rodin, Matisse, Gauguin, Hartung, Soulages, Alechinsky ou encore Zao Wou-ki.
Sur la rénovation du Musée Picasso à Paris, il avait confié à L’Œil « La première qui a réellement pris le travail en main, qui a inventorié les archives, c’est Anne Baldassari », en ajoutant « qu’aujourd’hui encore, des pans entiers du travail de Picasso restent à explorer… ». Pierre Daix disait garder le souvenir de Pablo Picasso, qu’il avait vu pour la dernière fois en octobre 1972, devant son dessin qu’il qualifiait d’« Autoportrait face à la mort ».
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Pluie d’hommages après la disparition de Pierre Daix
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