1984 Piotr Pavlensky est né à Saint-Pétersbourg dans un milieu modeste, mais éduqué (son père est géologue). À 19 ans, il s’oriente vers une carrière artistique. Il s’inscrit à l’académie d’art et d’industrie Stieglitz, dans sa ville natale.
2012 Il se fait connaître par une performance dans laquelle il se coud les lèvres et se fait photographier devant la cathédrale de Kazan à Saint-Pétersbourg pour protester contre l’emprisonnement de trois membres des Pussy Riot. La police l’interpelle et décide de l’interner aussitôt dans une institution psychiatrique, d’où il est relâché peu de temps après, car déclaré sain d’esprit. Cette action baptisée « Suture » aurait été inspirée par une de celles d’Act Up New York réalisée en 1990 pour protester contre l’indifférence des pouvoirs publics envers les victimes du sida. L’« actionnisme » de Piotr Pavlensky se tourne alors exclusivement vers le champ politique.
2016 Auréolé de la notoriété acquise avec ses récentes performances (« Liberté », « Séparation » et surtout « Menace »), autant de critiques radicales du régime de Vladimir Poutine, Pavlensky est à deux doigts d’être récompensé du prix de la meilleure œuvre d’art des récompenses annuelles « Innovation », organisées par le Centre national d’art contemporain. Mais le ministère de la Culture russe ordonne au dernier moment que le nom de Piotr Pavlensky soit exclu du prix « Innovation ». L’activiste purge à ce moment-là une peine de sept mois de prison pour l’incendie du siège du Service fédéral de sécurité (FSB). La moitié du jury claque la porte d’« Innovation » en signe de protestation. Son courage et sa radicalité en font une icône de la résistance politique. Trois mois plus tard, Piotr Pavlensky décroche le prix de la dissidence créative de la Fondation Václav-Havel. Pavlensky annonce qu’il va reverser l’argent du prix à un groupe de malfaiteurs anarchistes emprisonnés pour le meurtre de trois policiers russes. La Fondation, suivant son principe de non-violence, lui retire immédiatement le prix.
2017 Il s’exile volontairement de Russie pour la France (où il recevra l’asile politique) avec sa compagne et ses deux filles, pour éviter les poursuites judiciaires engagées contre lui par une jeune actrice pour agression sexuelle. Pavlensky se déclare victime d’un complot politique monté contre lui et l’affaire sera classée sans suite par la police russe, faute de preuve. En France, Pavlensky reste fidèle à ses principes anarchistes et affronte l’ordre en volant dans les magasins, squattant un logement et surtout dans son action « Éclairage », lors de laquelle il met le feu à l’entrée d’un bâtiment de la Banque de France, place de la Bastille. Il est condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis pour cette performance.
2020 Piotr Pavlensky publie le 1er février une vidéo compromettante de Benjamin Griveaux sur son site Internet Pornopolitique.com accompagnée d’un texte dénonçant l’hypocrisie d’un homme politique qui « souligne sa foi fanatique dans les valeurs familiales ». Venant d’un site Internet confidentiel, la sex tape met deux semaines à faire son chemin jusqu’aux médias et entraîne le retrait de son auteur Benjamin Griveaux, alors candidat à la Mairie de Paris. Pavlensky devient brusquement une figure médiatique, mais la divulgation non autorisée d’images intimes suscite la condamnation unanime de la classe politique française. L’artiste russe risque désormais une peine de deux ans de prison.
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Piotr Pavlensky : de la mutilation volontaire à la « sex tape »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°540 du 28 février 2020, avec le titre suivant : Piotr Pavlensky, « Artiste » activiste et contestataire : De la mutilation volontaire à la « sex tape »